Cours, Bong-Gu !

Bong-Gu et sa mère arrivent à Séoul. C’est la première fois qu’ils s’y rendent. Ils sont à la recherche du père de Bong-Gu qui, depuis qu’il les a quittés, n’a plus jamais donné de nouvelles… Ils vont rencontrer un grand-père et sa petite fille qui leur seront d’une aide précieuse dans leur quête.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Toute la BD, que de la BD !

2 avis sur Cours, Bong-Gu !

Référence cinématographique encore,  mais cette fois du côté de l’animation japonaise, Cours Bong-Gu insuffle cette petite émotion ressentie en regardant « Tokyo Godfather »  du grand réalisateur Takahata, mais sans la pointe d’humour qu’on lui connaît. La grande ville, que ce soit Séoul, New York, ou Paris, porte ses souffrances, exclut ses SDF et le manhwa de Byun Byung Jun parle tout naturellement des misères de la capitale coréenne puisque comme son nom ne l’indique pas encore clairement, un manhwa porte sur l’histoire de la Corée.

Le récit est triste et lourd mais, point positif, il souligne l’importance de la solidarité.
Comme partout dans le monde, le chômage reste un fléau majeur entraînant des situations matérielles, sociales et affectives douloureuses, difficiles à assumer et ce récit en relate parfaitement les conséquences.

Comme tous les manhwa, Cours Bong-Gu se lit dans le sens de lecture européen. Le dessin est enlevé et fin, les traits sont longs et traînants à la différence des mangaka qui n’hésitent à dessiner des formes non terminées mais ne nécessitant rien de plus devant l’expression évidente des visages et des personnages.

Moins plébiscités en France, les manhwa apparaissent tout de même de plus en plus dans les rayons des librairies aux côtés des mangas. Pourtant même s’ils sont assez proches, il reste que la façon de s‚exprimer et la sensibilité est nettement différente. Le ton est plus plaintif et plus lent. Finalement,  la Corée ou pays du matin calme porte bien son nom .
A lire par curiosité.

Par MARIE, le 21 janvier 2006

Le cinéma américain avait fait courir Forrest. Voilà que la BD coréenne fait courir Bong-Gu !

Curieuse petite bande dessinée que celle-ci. Le dessin de Byun Byung Jun est plein de codes qu’il est difficile de comprendre. Ou bien n’en sont-ce pas et sont-ils une manière de créer une ambiance, de construire les personnages ?

Par exemple, de nombreuses bulles existent qui ne recèlent que trois points de ponctuation en guise de texte. Les personnages ne savent-ils pas quoi dire ? Ne veulent-ils pas parler ? Ou bien est-ce juste pour faire peser l’ambiance ?

Autre chose. Comme dans une manga, de nombreuses onomatopées viennent rythmer les pages. Si certaines sont facilement affectables à un élément du dessin, de l’histoire, d’autres sont plus mystérieuses. Ou bien doit-on les interpréter comme des signaux plus internes, plus intimes, comme des battements de cœur, par exemple ?

Certaines cases, aussi, voient le dessin comme crypté. Ce qui aurait pu être un simple trait sera là remplacé par différents petits tirets nerveux. Plusieurs fois, ce style est adopté pour les arrière-plans alors que le premier plan est plus "ligne claire". Cette astuce met ainsi bien l’accent sur ce sur quoi on doit se concentrer. Mais elle participe aussi à noyer les personnages dans cette grande ville où ils errent.

Chose curieuse, aussi : si le trait est dans son ensemble impressionniste mais réaliste, les deux enfants héros ont eux des visages tout droit sortis d’un dessin animé. Drôle de superposition. D’autant que cette représentation n’est pas forcément à leur avantage. Jugez-en par la morve qui sort sans cesse de la narine de Bong-Gu ! (Venant de son île où il fait plus chaud qu’à Séoul, il évolue ici dans la capitale coréenne en prise aux grands froids.)

Beaucoup de codes, donc, mais en tout cas une très belle histoire, lente, et qui pourrait être triste, mais pleine de belles choses, et au dénouement heureux. Les personnages sont tous profondément humains. Ils sont un échantillon d’ailleurs peu représentatif d’une société dépeinte avec un regard très pessimiste. Des gens perdus au milieu de la foule mais qui nous rappellent que même le plus petit d’entre nous a son histoire, ses ratés, ses victoires, ses richesses.

Ce manhwa (BD coréenne) est en couleurs. On l’aura vite remarqué, surtout si l’on est grand lecteur de BD asiatique. Ces couleurs pastel ont non seulement le mérite d’exister (elles sont très belles, en plus !), mais ont en plus un véritable rôle. Elles arrivent dans l’histoire comme une fleur percerait la neige à la fin de l’hiver : les cases colorées apparaissent, pour s’imposer après, parmi les cases grises. Cette structure fait le parallèle entre la grande ville où Dong-Sim et son fils arrivent et la campagné d’où ils viennent.

Byun Byung Jun a commencé à être édité à partir de 1995. Depuis, il collectionne les prix. Il est parti étudier le dessin au Japon où son travail est reconnu et où il a été primé également. En 2003, il était invité à Angoulême.

Kana fait avancer avec "Cours, Bong-Gu !" le catalogue de sa collection "Made In". Après la BD, on notera la présence de quelques pages de dessins, comme des cartes postales prolongeant l’histoire, ainsi qu’un recueil de critiques et d’analyses sur l’œuvre de Byun Byung Jun. Un style fort. Un auteur à suivre.
 

Par Sylvestre, le 14 novembre 2005

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