Un roman de peu de mots

Né de famille de haut rang, John Caldigate est un personnage un tantinet volage au grand dam de son père. Ayant perdu une grosse somme d’argent au jeu, l’aristocrate décide de renoncer à son héritage paternel et de partir courir l’aventure en Australie, dans la Nouvelle-Galles du Sud. Pour cette occasion, il se fait accompagner par son ami Ned, lui-même désireux de tenter sa chance dans ce nouveau pays. Lors de leur périple, les deux hommes font la connaissance de Mrs Smith, veuve sans le sou. Alors que Ned part de son côté, Mrs Smith et John Caldigate s’unissent au dénommé Crinkett, pour gérer un gisement aurifère. Après avoir fait fortune et vendu ses parts à ses associés, John Caldigate rentre au pays. Il y retrouve Hester avec laquelle il se marie et fonde une famille. C’est alors qu’il reçoit une épineuse missive émanant de Mrs Smith qui stipule ses tribulations australiennes et plus particulièrement ses épousailles avec la requérante. John Caldigate est-il un affabulateur ou la victime d’un odieux chantage ?

Par phibes, le 5 janvier 2015

Notre avis sur Un roman de peu de mots

Les impressions Nouvelles mettent à l’honneur le travail d’adaptation réalisé par l’auteur britannique Simon Grennan d’un roman écrit par Anthony Trollope en 1879 et titré originalement John Caldigate.

Cette revisite en bande dessinée de ce classique anglais est donc l’occasion de nous immerger dans les ambiances victoriennes de la belle Albion et plus particulièrement de nous sensibiliser sur la destinée d’un fils d’aristocrate, en l’occurrence John Caldigate, promise à plusieurs coups du sort. Pour cela, l’artiste s’est emparé de l’œuvre originelle pour en saisir la substantifique moelle et restituer la captivante intrigue qui l’alimente.

Il ne fait aucun doute que le travail de l’artiste n’a pas été aisé dans le sens que condenser un ouvrage de 500 pages en un album de près de 100 pages l’a obligé inévitablement à produire un gros effort de césure. Simon Grennan a donc opté par une reconsidération littérale loin d’être bavarde (d’où le sous-titre : un roman en peu de mots), allant à l’essentiel dans les pérégrinations du personnage principal. De fait, si la compréhension globale de l’histoire est indéniable, il n’en demeure pas moins que l’évocation qui passe par de nombreux rebondissements, se veut on ne peut plus saccadée, avec des parties d’équipée qui semblent superfétatoires (par exemple celle concernant les aborigènes qui croisent le sillage de John Caldigate) et des transitions parfois peu évidentes.

Au niveau graphique, l’auteur produit un travail qui ne manque pas d’intérêt. Pour bien camper le classicisme de cette histoire, ce dernier a opté par un découpage très rigide de 6 vignettes par planches tout au long de son adaptation. De même, il s’est appliqué à user d’un trait réaliste proche des gravures d’antan qui élude tout gros plans des personnages. A ce titre, l’on ne manquera pas de saluer l’effort documentaire indéniable de l’artiste mais l’on pourra déplorer une certaine fixité dans les mouvements (attitudes suspendues) et du fait du manque de dialogues dans quelques vignettes, une certaine incompréhension du message.

Une adaptation qui remet au goût du jour une œuvre classique remarquable d’un célèbre écrivain britannique du 19ème et qui, de par le travail inspiré fourni par Simon Grennan, reste bien agréable à lire.

Par Phibes, le 5 janvier 2015

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