Couma Aco (Comme ça)

« mon idée était : je vais faire tourner mon magnétoscope intérieur, histoire de vérifier les films anciens qui ont tendance à s’effacer. Et peut être aussi le besoin de revoir ces bandes pour mieux comprendre dans quels payqages je marche aujourd’hui. »
« Je choisis un montage simple. Des petites séquences collées sans trop de logique apparente… Je fais des images dépouillées. »
« Je ne me sert d’aucun document, vu que plus on essaie d’approcher la vérité, plus elle fout le camp. »
« Mon idée me plaisait bien… »

Par fredgri, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Couma Aco (Comme ça)

Baudoin se souvient de son enfance, de ses visites à son grand-père, le vieux John, qui était venu s’installer en France après la guerre 14-18. Tout au long de ces planches il nous parle de ce Papy, de cet homme qui vivait encore à l’ancienne, qui chassait le renard, qui marchait vers la colline pour y lire la météo.
Baudoin est jeune, gamin, il regarde ce grand-père avec ses yeux d’enfant, fasciné par ce bonhomme qui vivait dans un monde à part.
Mais ce petit garçon est déjà un rêveur, il regarde du coin de l’oeil la belle Isabelle, imagine que les extra-terrestres lui envoyent des messages. Baudoin est lucide sur cette période ou il passait du temps avec John, sur cette innocence, il porte un regard plein de bonté et de générosité sur cette période. Et l’aspect morcelé de cette histoire donne un aspect « chronique » rurale, un peu comme les bouquins de Pagnol qu’on lisait au lycée, un récit qu’on lit tranquillement et reposé, une porte vers des souvenirs qui ne nous appartiennent pas mais qui font vibrer une fibre pas si lointaine.
Ce qui m’a, par dessus tout, subjugué, c’est l’incroyable émotion du graphisme de Baudoin, un trait qui va à l’essentiel, une encre qui laisse deviner le grain du papier (certainement un Ingres, l’un des plus beaux papiers), qui se faufile le long des formes, qui suggère plutôt que trop décrire.
« Couma Aco » a été élu « meilleur album de l’année » à Angoulème en 92, et franchement, ce récit intimiste est vibrant d’authenticité ! Certainement l’une des plus belles oeuvres de Baudoin.
A consommer sans aucune modération.

Par FredGri, le 20 mai 2003

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