Corto Maltese : Océan Noir

 Année 2001.
Corto conduit un bateau avec trois autres hommes à son bord. Ce sond des pirates et ils vont aborder un yacht. Ils doivent y dérober un objet de valeur, mais n’ont pas dit au jeune homme de quoi il s’agissait exactement. Tandis qu’il attend le retour de ses trois compagnons, Corto entend des coups de feux. Il monte à bord du yacht et découvre l’un des hommes d’équipage, mort. Pour Corto, cela va à l’encontre de ce qui avait été dit : "pas de victime". Il va découvrir un vieil homme qui essaye de se cacher. Corto va l’aider à fuir, avec un livre que cet homme protège. C’est cet objet que convoitaient les pirates.
Ayant réussi à prendre la fuite, Corto apprend que la personne qu’il vient de sauver est le gardien d’un trésor, et qu’il veut revoir sa fille une dernière fois. Corto l’accompagne à Tokyo et lors d’une représentation de théâtre, où joue sa fille, le vieil homme est tué d’un coup de sabre par l’un des acteurs, qui veut récupérer le fameux livre. Mais Maltese réussit à l’assommer et à récupérer le bouquin. Il fuit la police qui se rend sur les lieux.
Alors qu’il a rejoint son hôtel, il est contacté par le Naicho, le service de Renseignement japonais. La femme de l’agence va lui parler de Fukuda. Ce dernier était un nikkei, un Japonais du Pérou et un fasciste lié à Océan Noir, une secte d’ultra-nationalistes exilés dans ce pays d’Amérique du Sud, pour y amasser de l’or.
Corto va sortir clandestinement du Japon, malgré la demande du Naicho lui intimant de ne pas quitter le pays. Il va se lancer dans cette aventure où il est nécessairement question d’une quête de l’or…

 

Par berthold, le 22 septembre 2021

Notre avis sur Corto Maltese : Océan Noir

Il y a quelques semaines de cela, j’apprends qu’un nouveau Corto Maltese sort, et qu’il s’intitulera Océan Noir.
Ah ! me dis-je, la suite des aventures de notre marin préféré par le duo Canales & Pellejero ! Mais quelle ne fut pas ma stupéfaction en lisant que c’est le duo Quenehen et Vivès qui est à la manoeuvre ! Et que de plus, ce récit se situe en 2001!!
Diantre, mais qu’elle est cette mauvaise farce ?

Par conséquent, je me renseigne. En effet, les auteurs de 14 juillet ont bien écrit un Corto Maltese. Un "Corto vu par….",  genre à la mode ces derniers temps avec notamment Spirou & Fantasio, Valerian & Laureline, Lucky Luke… Certes, il y a eu de belles choses dans le style comme le Spirou d’Emile Bravo, de Yann & Schwartz, entre autres, ou comme le Valerian et Laureline de Lupano & Lauffray, le Lucky Luke de Bonhomme … Mais un Corto Maltese vu par… Là, tout de même, je n’en vois pas l’intérêt !
Corto Maltese, c’est déjà un univers, une période, un style, une ambiance. C’est un auteur : Hugo Pratt. Certes, vous me direz que pourtant il y a eu une reprise par Canales et Pellejero, avec trois tomes déjà disponibles. Oui, mais de ce côté là, je trouve la reprise réussie et les auteurs ont su garder l’esprit Pratt, sans le copier bêtement. Avec Océan Noir, Quenehen et Vivès vont nous faire sortir du cadre historique des aventures du gentilhomme de fortune. Ils placent leur récit en septembre 2001, autour du 11 septembre. Choix surprenant et étonnant, qui pose ainsi un contexte historique récent.
Alors, après toutes ces interrogations concernant cette bande dessinée, je me lance quand même dans sa lecture. Par curiosité surtout.

Le récit de Quenehen est un bon récit d’aventures. Il y a tous les ingrédients pour nous donner un divertissement réussi : des pirates, des bagarres, des courses poursuites, des voyages dans divers endroits du globe, des services secrets, des policiers et des femmes.
Ici, le Corto va se lancer dans une quête particulière, où il est question d’un trésor quelque part au Perou. Nous faisons connaissance avec le jeune homme alors qu’il accompagne des pirates à l’abordage d’un yacht, où l’affaire tourne mal. Maltese va se mettre dans la panade en aidant ce vieil homme à fuir avec le livre convoité. Ce sera les débuts des ennuis ou de l’aventure pour Corto. Il va croiser de belles femmes qui seront séduites par cet aventurier et qui parviendront aussi à le séduire, comme la fille de Fukuda ou l’officière du Naicho. Et puis, il y a Freya, la belle photographe, qu’il croisera plusieurs fois dans sa quête.

Le scénariste parvient à nous offrir un récit d’aventures digne de ce nom, qui nous donne le bon frisson et nous fait voyager. Il est vrai que le lecteur ne s’ennuie pas une seule seconde avec cette aventure ! De plus, Quenehen parvient à faire quelques allusions à l’oeuvre de Pratt et n’oublie surtout pas de faire intervenir Raspoutine au bon moment. Un Raspoutine qui reste bien dans l’esprit Pratt et est tout aussi tordu. Par contre, ici, le pirate va quand même préférer l’amour libre à une bonne partie de chasse au trésor.
Le scénariste nous donne à lire quelques bonnes scènes d’action, maitrisées et parfois étonnantes, comme la fuite de Corto dans la mine.

Je ne suis pas le plus grand fan du travail de Vivès. Je fais partie de ceux qui n’ont pas accroché à ses premiers travaux et qui, par conséquent, n’ont pas lu ses autres bouquins. Je ne le voyais pas comme un choix judicieux pour mettre en images Corto Maltese. Pour moi, il n’a pas le "style Pratt". Bref, après lecture, je trouve pourtant qu’il fait un bon travail, même si nous retrouvons ce que j’appelle ses défauts et ses travers. Par moment, par exemple, ses personnages n’ont pas de visage. C’est tout de même bizarre et parfois gênant.
Après, il n’y a rien à redire sur sa mise en scène, son efficacité et le rythme employé. C’est efficace, surtout dans les scènes d’action. Son style ne gêne pas la lecture et l’appréciation du recit.  Son Corto est frais et juvénile. Son Raspoutine est un peu plus joyeux et boute-en-train, il est aussi un peu plus malicieux. Les femmes de Vivès sont toujours aussi belles et sensuelles. C’est l’une de ses forces "graphiques".

Du coup, que faut-il penser de cet Océan Noir ? De ce Corto Maltese vu par Quenehen et Vivès ? L’éditeur va faire un beau coup avec cette opération. Il existe même une version couleur et luxe de cet album. L’intrigue d‘Océan Noir est un bon récit d’aventures avec un bon suspense et des moments surprenants. Quenehen a rempli sa mission et n’a pas dénaturé le style Corto en le plaçant dans le contexte de l’année 2001. Je pense que Martin Quenehen est un bon scénariste.
Quant à Bastien Vivès, les amateurs aiment ou non son trait. Ici, ça fonctionne plutôt bien, même si nous n’avons pas le même noir et blanc que chez Hugo Pratt.

Océan Noir se lit avec plaisir, mais n’apporte rien de plus à l’univers de Corto Maltese. Cela reste un "OLNI" (Objet Littéraire Non Identifié) qui peut permettre à certains lecteurs de se plonger dans la lecture de l’oeuvre d’Hugo Pratt, si ce n’est pas déjà fait, et pour d’autres de voir leur héros dans un autre contexte.

Océan Noir reste un bon récit d’aventures qui atteint son but : divertir, tout simplement.
Après, chacun se fera son propre avis sur ce Corto Maltese vu par… Est-ce que cela reste une bonne idée ? Pour ma part, je ne crois pas que cela soit nécessairement une bonne idée.

 

Par BERTHOLD, le 22 septembre 2021

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