Barbare, esthète et philanthrope

Constantin est fils d’une reine barbare et d’un philosophe, une dualité qui lui pose parfois des problèmes, surtout quand il part à l’aventure dans le monde sauvage de Karskyal pour le convertir à ses idées progressistes. Sur sa route, il rencontre Alia qui semble bien plus attirée par les combats. Ils décident de faire un bout de chemin ensemble en traversant les épreuves jusqu’à faire face au despote Mort-Lune, pendant une campagne électorale improbable…

Par fredgri, le 30 janvier 2023

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2 avis sur Barbare, esthète et philanthrope

L’idée de cet album est assez simple, amener un personnage au look de barbare, lui donner un caractère ambivalent, entre baston et grands discours philosophiques et le confronter à un monde sauvage ou globalement tout se règle à grands coups de massue.
On devine vite quel quiproquo peuvent alors se glisser dans les pages, des tentatives de dialogues improbables, des arguments déplacés et le rire qui en découle.
Je dois dire que cela fonctionne assez bien, de manière générale, on se laisse prendre au jeu de ce décalage savoureux, des tirades de Constantin et de ses tentatives pour échapper à la nature de monde qui l’entoure. C’est même plutôt bien vu. Cependant, beaucoup de pages fonctionnent sur le même modèle, le même ressort humoristique qui se délaye sur la longueur, en se répétant encore et encore !

Ça n’est pas un soucis, nombreuses sont les séries qui partent d’une seule idée, en la déclinant à l’envi, c’est juste que l’univers en place aurait être plus nourrit, tout simplement !

Il en ressort un album assez truculent, qu’on lit avec beaucoup de plaisir, malgré sa légère redondance !

Par FredGri, le 30 janvier 2023

Scénariste aux envies décalées, Karibou revient sous les projecteurs, après avoir détricoté l’aura de deux personnages historiques que sont César (dans Salade César) et Bonaparte (Waterlose). Il nous propose cette fois-ci un ouvrage qui s’empare d’un des mythes de la fantasy, celui développé par Robert E. Howard avec Conan le Cimmérien et nous le restitue sous une forme particulièrement débridée et croustillante.

C’est ainsi que le fameux barbare que l’on a pu suivre dans ses nombreuses aventures sauvages relatées en roman, en BD et au cinéma, revient dans de nouvelles dispositions, remplaçant l’épée au profit de livres de sociologie et autres. L’idée est originale puisqu’elle vient en quelque sorte tordre l’image brutale de ce personnage pour en faire un lettré motivé pour reprendre en main un territoire à force d’esprit et de verbes.

Le résultat est on ne plus étonnant et la dérision prend toute sa place dans cette aventure. Se déclinant sous la forme saccadée de strips qui s’enchaînent généreusement, le récit a la particularité de nous immerger dans une quête improbable, portée par deux personnages aux objectifs très opposés (Constantin et Alia), qui doit se gagner non pas par le sang mais par la conscience. Les situations mises en avant se veulent jouer sur une certaine absurdité, l’auteur n’hésitant pas à mélanger les références (surtout au monde contemporain). On rit bien volontiers sur ce décalage volontaire et on suit les péripéties ubuesques de ce barbare esthète et philanthrope promis à une campagne électorale cocasse avec beaucoup de légèreté.

La part graphique assurée par Arnaud de Viviers a son intérêt dans cette équipée. L’artiste nous offre un dessin libéré, bénéficiant d’une épure stylisée, colorisé volontairement chichement. Le message se joue bien du contraste caractériel de Constantin, personnage tout en robustesse, taillé pour les combats les plus sanglants, et versé dans la batille des mots. A l’opposé, Alia, jeune guerrière frêle, est une adepte de luttes sans pitié. On pourra dire que ce duo bigarré est pour le moins agréable à suivre.

Une curiosité rigolote à découvrir chez Delcourt, dans sa collection Pataquès, qui a l’avantage de donner une image très différente du barbare que l’on connait.

Par Phibes, le 30 janvier 2023

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