CONQUISTADOR
Tome II

Après avoir puisé illicitement, à la demande de Cortès, dans le trésor de Moctezuma, le petit groupe de mercenaires commandé par la belle Catalina Guerero s’est prestement enfui dans la jungle. Poursuivi inlassablement par les soldats otomis de l’empereur aztèque, il se doit d’éviter de tomber dans toute sorte de pièges. Mais aux abords d’un temple sinistre arborant la marque de Txlaka, alors qu’il essuie une dernière embuscade qui semble sceller d’avance son sort, l’escouade fait face à l’effrayante apparition végétale de l’Oqtal. Décimant tous leurs poursuivants, cette dernière permet aux mercenaires de fuir. Mais le danger n’est pas pour autant écarter, car, pendant que les troupes de Cortès s’engagent par ailleurs dans une bataille contre l’armée de Narvoaez, les fuyards s’apprêtent à vivre d’autres déconvenues. En particulier, Hernando Del Royo, qui, sous l’emprise démoniaque des racines tirées de l’amulette dérobée au sorcier Oczu, va révéler sa nouvelle personnalité.

Par phibes, le 1 décembre 2012

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Notre avis sur CONQUISTADOR #2 – Tome II

Le récit de la terrible épopée d’Hernando Del Royo en terre aztèque reprend pour se terminer avec ce second opus. Après nous avoir laissé précédemment sur une touche interrogative plutôt angoissante voire sanglante à la suite du forfait de la troupe de Guerero, Jean Dufaux nous engage dès les premières planches dans une course-poursuite qui se veut effrénée et particulièrement démesurée. En effet, le sacrifice du sorcier Oczu est à l’origine du réveil d’un monstre végétal qui, de ses apparitions terrifiantes, va donner lieu à des échanges hors norme.

De fait, ce dernier épisode, à l’étoffe singulièrement sulfureuse et dense, nous entraîne dans une dimension à la fois historique et fantastique telle que sait les amalgamer habilement le scénariste. Par ce biais, campant son aventure dans une limpidité exemplaire au temps de la conquête du nouveau monde au 16ème siècle, sur les abords de l’ancienne capitale aztèque îlienne Tenochtitlan, il nous attache à suivre les pérégrinations d’un petit parti de mercenaires sélectionné et missionné par le conquistador Cortès. Autant dire que ces pérégrinations n’ont rien de commun, dans le sens qu’elles se déroulent, via une narration agréablement ampoulée et un rythme exalté, sous l’emprise d’un onirisme sanglant et violent, engendré par un culte païen aztèque et une soif absolue de domination territoriale. Aussi, la tonalité de ce dernier volet est plutôt amère, dû assurément à la tournure très fantasmagorique de la quête dans laquelle Hernando Del Royo, sous l’emprise des racines de l’amulette, et ses compagnons y noieront leurs âmes.

Il va de soi que Philippe Xavier a le profil et la maîtrise graphique qu’il faut pour compléter le tableau ténébreux et surdimensionné dressé par Jean Dufaux, son complice depuis 2007 (ils ont en commun la saga Croisades). En effet, le trait qu’il utilise, appuyé par la superbe colorisation de Jean-Jacques Chagnaud (un autre camarade d’aventures) est bien sûr réaliste mais sait atteindre des proportions qui vont au-delà de la simple expression de faits. En usant de fonds denses (arrière-plans, planches intégrales en noir), noyés dans une luxuriance de détails générant des ambiances particulièrement oppressantes, se faisant fort d’extrapoler sur l’apparence effrayante des idoles aztèques et travaillant avec générosité sur l’effigie de ses personnages, ce dessinateur émérite rend l’équipée prenante.

Un opus singulièrement sombre et barbare qui clôt avec brio une aventure de conquête hors norme.

Par Phibes, le 1 décembre 2012

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