CONQUÊTES
Decornum

Après avoir voyagé dans l’espace durant trente-sept années à la recherche d’une Terre de substitution, la flotte de vaisseaux de la colonie japonaise commandée par l’amiral Fujiwara a pris position sur un astéroïde proche de la planète Decornum. Cette dernière possédant des ressources considérables pourrait se révéler on ne peut plus suffisante pour accueillir les colons. Or, un problème de taille les empêche de s’installer à savoir les Dominants, une race autochtone asservissant une seconde, les serfs, capable de produire un champ magnétique qui la rend très dangereuse pour les humains. Aussi, à la suite de la capture d’un des représentants de cette ethnie belliqueuse et de son analyse, il est décidé de renvoyer sur le terrain le soldat Keito avec pour mission de réintégrer les Serfs avec lesquels il a pactisé et de découvrir comment les Dominants se reproduisent. Ce qu’il va découvrir au fil de son introspection va le marquer à jamais et sceller le sort de la planète Decornum.

Par phibes, le 23 juin 2019

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Notre avis sur CONQUÊTES #3 – Decornum

Créateur d’univers multiples, Jean-Luc Istin a initié le premier opus titré Islandia de cette série-concept (rappelons qu’il s’agit de récits uniques ayant trait à la colonisation par l’homme de mondes nouveaux suite au déclin de la Terre). Jean-Luc Jarry continue à lui emboiter le pas pour nous livrer, après Deluvenn, une autre équipée se rapportant à la découverte d’une nouvelle planète susceptible de recevoir une partie de l’humanité en dérive. Decornum est son nom et de par sa compatibilité avec la Terre va générer une aventure vécue de près par toute une colonie d’origine japonaise.

Se rattachant plus précisément à Keito représenté devant un Mecha sur le premier de couverture, elle nous entraîne dans une colonisation à grande échelle assez captivante par le fait qu’elle se voit contrariée par des autochtones peu communs. L’intrigue dont certaines circonvolutions ne sont pas sans rappeler Avatar (l’utilisation des Mechas, l’intégration de Keito chez les Serfs…) repose essentiellement sur un mystère à découvrir, celui des Dominants et in fine celui de la planète. Malgré peut-être un certain classicisme, elle bénéficie tout d’un même d’un rythme assez soutenu qui prend dès le départ, Ce dernier a le mérite de générer de nombreuses actions (pas mal de scènes de combat émaillent cet album), de reposer sur des situations dramatiques qui mettent en jeu la survie d’une colonie par le sacrifice d’un peuple, sur une narration intimiste aux accents mélancoliques (les pensées de Keito) plutôt prégnantes et sur la relation malaisée de celui-ci avec sa supérieure Atsuka.

L’on conviendra que cette épopée de science-fiction est l’occasion de démontrer que l’homme, sous ses aspects communautaires généreux, n’en est pas moins une véritable plaie quand il s’agit de sa propre survie. Nicolas Jarry le décline remarquablement à travers une « conquête » territoriale à rebondissements qui a le don de marquer par son côté imparable.

Colorisée avec soin, la partie graphique de Stéphane Créty donne un très bon relief à l’aventure et ce, à plusieurs niveaux. Tout d’abord, la planète de Décornum fait l’objet d’une représentation bien inspirée, eu égard à ses grands espaces, son aspect rocheux, sa faune sauvage et sa flore exotique. Ensuite, l’espace constellé bénéficie d’une restitution qui se veut un véritable appel au voyage. Enfin, les personnages, humains et autochtones, jouissent, chacun dans leur registre, d’une présence convaincante (les combats sont explosifs). En dernier lieu, la technologie avant-gardiste de la colonie humaine et celle des décornumiens trahit une bien belle quête sur le détail (vaisseaux spatiaux, intérieurs, engins…).

Un troisième volet pour le moins réussi, qui a le don au final de pousser à la réflexion !

Par Phibes, le 23 juin 2019

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