The complete New Statesmen

America. 2047.
L’Angleterre est devenue le 51 ème état d’Amerique, on a génétiquement créé des êtres surpuissants, grace au programme Hephaistos afin d’assurer la sécurité de chaque état, ce sont les Statesmen. Mais le temps a passé, la corruption a tout perverti, certain de ces Statesmen ont sombrés de l’autre côté du miroir, d’autres ont vainement essayé de s’imaginer qu’ils pouvaient changer les choses (allant même jusqu’à se présenter aux élections), et tandis que se prépare la réunion annuelles des Statesmen, 5 jeunes recrues se rendent définitivement compte que le monde a basculé. Mais peut-être est-il encore temps…

Par fredgri, le 30 novembre 2009

Notre avis sur The complete New Statesmen

Dans les années 80 on voit apparaître une floppée de projets qui vont méticuleusement destructurer le mythe du héros. Que ce soit Moore avec Watchmen ou Miracleman, Gaiman avec Black Orchid, DeMatteis avec son Kraven’s Hunt etc. C’est dans l’air du temps et les anglais semblent être particulièrement inspirés, principalement par leur gouvernement tatcherien qui balaye leurs idéaux à grand coup de botte.

Dans cette période qui est aussi l’une des plus riches en terme de publications comme Deadline, 2000AD, Revolver, A1 et bien sur Crisis, les jeunes auteurs anglais s’expriment très librement pour critiquer leur société, mais aussi engager le média dans une remise en question radicale… C’est d’ailleurs dans Crisis que paraissent les épisodes de "New Statesmen", une série qui marche dans les pas de Watchmen, présentant un univers violamment corrompu par ces êtres surpuissants, ivres de leurs pouvoirs et de ce qu’ils leur ouvrent comme portes. Le constat est très dur, nous sommes en pleine dystopie et en tant que tel il n’est pas question de montrer une réalité idéalisée.

Je me souviens la première fois avoir entendu parler de cette série au détour d’une conversation en Angleterre, on ne savait finalement que très peu de choses dessus et les lecteurs ayant été jusqu’au bout ne réagissaient pas beaucoup. Néanmoins, lorsque j’ai eu la possibilité de me procurer cet "Intégrale", je suis tout de suite devenu un fan. Bien sur, il y a ces premiers chapitres assez dur d’approche, le scénariste John Smith utilise la technique du découpage et laisse beaucoup le lecteur se débrouiller tout seul avec les infos qu’il sème par-ci par-là, que ce soit dans le détail d’une liste de recrutement, dans un article assassin ou encore une interview. Il faut se frayer un chemin dans ce labyrinthe. Mais franchement c’est accessible, pour peu que l’on veuille aller un peu plus loin que les deux ou trois premiers chapîtres.

Alors, évidemment, New Statesmen souffre de la comparaison avec Watchmen, mais là ou Moore garde sans cesse le contrôle de ses perso, là ou il les installe dans une ambiance doucement mélancolique, assez lente et métaphysique, John Smith envoie ses personnages dans un monde au limite de l’hystérie (effet rendu par des choix de couleurs très vives, Fegredo et Phillips n’étant qu’au début de leur carrière, leur style se cherchait pas mal à cette période) il les maltraite et les laisse essayer de garder pied en tentant de trouver une solution pour au moins s’en sortir.

Et ne vous y trompez pas, au delà de ce côté "fou" New Statesmen est un projet très structuré lui aussi, avec un vrai cadre politique, des idées très engagées. On y parle de beaucoup de choses, de pouvoir bien sur, mais aussi d’amitié, d’homosexualité, de manipulation, le tout dans une atmosphère très pesante, limite nihiliste.

Aujourd’hui, presque vingt ans après l’avoir lu la première fois, je reste encore très marqué par cette lecture. Et même si New Statesmen n’a pas eu le succés qu’il méritait, sa réputation s’est assez longuement répandu dans le milieu de la BD UK alternative, gagnant une sorte d’aura très respectueuse, un projet, parmi quelques autres, qui préfigurait l’évolution des super-héros et leur poid sur la société. 

Quand on lit l’évolution de l’univers Marvel, par exemple, on ne peut que se dire que finalement Smith et ses accolytes n’étaient pas très loin de la vérité…

Par FredGri, le 30 novembre 2009

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