COMPAGNONS DU CRÉPUSCULE (LES)
Les yeux d'étain de la ville glauque

Au sortir de ses pérégrinations du bois de brumes, le trio hétéroclite formé par Mariotte, l’Anicet et le chevalier, se rapproche de la grève océane. Toutefois, ils ne tardent pas à être pris à partie par de rustres villageois. Malheureusement pour elle, la Mariotte est retenue par la gente paysanne qui décide de la passer au pilori. Dans un sursaut climatique, elle survit à la curie et se voit recueillie par Yuna et sa grand-mère. C’est à leur contact qu’elle découvre en songe l’existence d’un bijou, l’éclipse bleue. Malheureusement, cette vision augure qu’il y a danger et que ce dernier va venir des terribles "douards". Aussi, après avoir retrouvé le groupe, en possession du fameux bijou, complété d’un trouvère et de deux lutins, Mariotte et sa nouvelle amie se décident à précipiter la fin du règne des douards en tentant de délivrer la Dame Blanche qu’ils retiennent captive en la ville glauque.
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur COMPAGNONS DU CRÉPUSCULE (LES) #2 – Les yeux d’étain de la ville glauque

Voici le deuxième volet des péripéties de Mariotte, de l’Anicet et du Chevalier, triplette moyenâgeuse destinée, grâce aux bons soins d’un auteur scénaristiquement en grande forme, à subir des aventures insoupçonnées et fantasmagoriques.

En cet opus, François Bourgeon titille encore plus la fibre fantastique en entraînant ses personnages dans une quête prophétique bien pourvue en rebondissements et certes d’une complexité qui a son intérêt. Accompagnées par une ritournelle chiffrée omniprésente (inspirée du chant des séries ou Vêpres des Grenouilles – voir carnet en fin d’album), ces péripéties médiévales se déroulent selon un mode double, bien conçu, liées entre elle par des évènements et des objets communs et dans une narration ancestrale qui sied à merveille à l’histoire. Sans nul doute, l’ambiance relativement glauque du premier tome est retrouvée en cet épisode et se voit même amplifiée au regard des interventions radicales de la soldatesque et des actions incisives d’inquiétants êtres (les Douards).

Si la magie fait partie de l’aventure, cette dernière peut se révéler impitoyable. A ce titre, François Bourgeon active les émotions en jouant sur la sauvagerie de certaines scènes. Il veut nous faire comprendre que le monde qu’il décrit est brut et ne fait pas de cadeau.

Par ailleurs, le Chevalier, si actif dans "Le sortilège des bois de brume" s’efface quelque peu au profit d’une nouvelle venue, Yuna, personnage essentiel pour la quête à mener. Cette dernière, adolescente, apporte une vivacité bien agréable qui complète celle préexistante de Mariotte. Elle vient reformer un duo (la blonde et la brune) que l’on a déjà perçu dans la saga "Les passagers du vent".

Le trait de cet auteur polyvalent est toujours empreint de sensualité mais peut se montrer, également d’une dureté extrême. La précision de ses graphiques reflète sans nul doute un besoin de restituer avec un maximum de vérité des scènes d’un autre âge, peu communes et exposées dans un détail concluant.

Cher lecteur, oyez jusqu’à plus soif le chant de la série des nombres et participez à une quête qui vous mènera au plus proche de la frontière matérialisant le rêve et la réalité. Une bien belle et terrible épopée !
 

Par Phibes, le 3 juin 2009

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