COMPAGNONS DU CRÉPUSCULE (LES) (ED. DELCOURT)
Les yeux d'étain de la ville glauque

Le chevalier, l’Anicet et la Mariotte arrivent en un étrange pays bourré de superstitions ou circule une étrange légende à propos des Douards, un peuple de créatures cruelles qui vénèrent leur reine et tiennent captive depuis des siècles la dernière Dame Blanche qui aurait possédé jadis la Pierre Lune capable de les foudroyer… Au travers d’un bien étrange rêve nos "héros" se lancent alors dans la recherche de la Dame Blanche afin d’éliminer ces monstres qui terrorisent la région…

Par fredgri, le 16 juin 2015

Notre avis sur COMPAGNONS DU CRÉPUSCULE (LES) (ED. DELCOURT) #2 – Les yeux d’étain de la ville glauque

Ce second album des Compagnons du crépuscule continue sur la même veine que le précédent.
Tout du long Bourgeon entretient une atmosphère énigmatique, limite nébuleuse, mélangeant les récits, passant de la geste fantastique au "présent" on ne peut plus réaliste et cruel, le tout emballé dans un vieux français qui a parfois tendance à alourdir les scènes, même s’il fait résolument authentique !

Toujours est-il qu’on a une nouvelle fois du mal à déterminer le but du scénario, l’auteur ne cesse de rajouter des pistes de lectures, il ne se lance pas vraiment, digresse et quand il annonce le cœur de son intrigue c’est pour user du même artifice onirique que dans le premier volume !!!

On est véritablement dans un album très déstabilisant, car il prend une nouvelle fois à rebrousse poil toutes les habitudes narratives coutumières à la bande dessinée franco-belge. Ses personnages ne s’élancent pas après l’aventure, ils perdent assez vite les pédales et manquent même de subir les aléas de l’époque, c’est à dire la bêtise humaine, la violence, la superstition. De plus, l’intrigue ne découle pas logiquement d’un début, d’un milieu et d’une fin, il n’est qu’enchaînement digressif, sans suite logique apparente.
Mais progressivement on découvre aussi que cette dynamique est en fait toute la véritable force de cet album. On entre petit à petit dans une ambiance, on se nourrit des évènements, des chants, des histoires qui se racontent, on glisse nous aussi dans la légende des Douards, de la Dame Blanche, on s’immerge dans cette atmosphère irréelle comme si on écoutait un ensemble de voix… C’est une impression incroyable que cette lecture…

D’autant que graphiquement Bourgeon s’est encore affiné, c’est sublime. Avec un soin porté aux détails, aux couleurs. On est tout de suite sous le charme de ces planches aux allures presque hypnotiques, qui nous envoutent… !

En contre partie, je peux comprendre que le voyage puisse aussi être jugé trop ardu. L’écriture de Bourgeon est exigeante, elliptique, elle demande une lecture vraiment active, immersive et donc elle peut freiner une première approche. Toutefois elle mérite aussi d’être domptée.

Un très grand album !

Par FredGri, le 16 juin 2015

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