COMPAGNONS DU CRÉPUSCULE (LES) (ED. DELCOURT)
Le sortilège du bois des brumes

Pendant la guerre de cent ans un chevalier isolé, le visage déformé caché sous un heaume, parcoure le pays en vendant ses services. Il rencontre d’abord le jeune Anicet qui reste le dernier survivant de son village, puis la Mariotte, une belle jeune fille quelque peu sauvage. Tout les trois décident de faire route ensemble… Cependant, au cours d’une nuit ils pénètrent un étrange rêve qui les amène à rencontrer une tribu d’elfes… Ces derniers leur demandent alors, contre leur vie, de les aider à les débarrasser d’un terrible monstre…

Par fredgri, le 15 juin 2015

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Notre avis sur COMPAGNONS DU CRÉPUSCULE (LES) (ED. DELCOURT) #1 – Le sortilège du bois des brumes

"Les compagnons du crépuscule" fait partie de ces séries mythiques des années 80 telles que "Balade au bout du monde", "La quête de l’oiseau du temps"… Un de ces classiques que l’on dévorait gamin, à la bibliothèque. On devenait fan de Bourgeon, on admirait sa science des détails, cette subtilité des couleurs… Il venait de terminer ses "Passagers du vent" qui l’avaient installé comme un des nouveaux maîtres, cette nouvelle série allait confirmer sa position à jamais !

Mais Bourgeon à la bougeotte, il ne cesse de changer d’éditeurs au grès des rachats de catalogue. De Casterman il est passé à Glénat/12Bis, puis il vient d’atterrir chez Delcourt, et à chaque fois l’ensemble de ses séries est rééditée, plongeant les fans devant des choix cornéliens !

Toujours est-il que nous retrouvons donc la jolie Mariotte, l’astucieux Anicet et le mystérieux chevalier dans leur toute première aventure ensemble. Le cadre est précisément ancré dans un moyen-âge crasseux et violent, avec un parlé vieux français très typé qui même si parfois il alourdit les dialogue il rajoute aussi une authenticité savoureuse à l’ensemble, surtout pendant les querelles entre les deux jeunes gens !

Malgré tout, Bourgeon peine à véritablement lancer son récit, on démarre sans vraiment trop savoir ou l’on va et la conclusion en pirouette a tendance à écorner l’ambiance délicieusement fantasy qui aurait pu s’installer à un moment donné. On le comprend très vite, Bourgeon veut surtout garder son approche réaliste et c’est ce qui va servir de marque de fabrique à cette série en devenir !

Néanmoins, dans ce non scénario qui tend à tordre les schémas trop classiques, Bourgeon décide de prendre à contre courant les règles narratives en vigueur. Son chevalier n’est pas forcément un héros au cœur pur, il admet bien volontiers avoir commis mille et un actes répréhensibles, mais il les assume, toutefois il reconnait que la vue du corps de la femme qu’il aimait à définitivement tout changé en lui. Cet homme ne transpire pas le charisme, ni l’esprit chevaleresque et sa quête semble bien plus guidée par le hasard des bourses qui se délieront devant lui que d’une volonté de rajouter des exploits à son palmarès. Mais il sait faire preuve de pitié en prenant avec lui ces deux jeunes qui ont tout perdu et qui ne vont pas forcément rajouter une plu-valu à ses aventures.
La Mariotte n’a aucun but dans la vie, elle suit le mouvement, à peine a-t elle un embryon de pouvoir divinatoire, et encore… Pour l’Anicet, c’est un lâche qui n’hésite pas à dénoncer ses compagnons, à fuir… Cette troupe assez disparate constitue malgré tout une entité pleine de personnalité qui nous captive très vite, nous entraînant dans un récit digressif ou nous les découvrons au fur et à mesure !

Toutefois les bases sont posées et les deux volumes qui vont suivre ne vont qu’épaissir cet univers captivant !

Je ne sais pas s’il est forcément nécessaire de racheter cette nouvelle édition si vous avez les vieux numéros Casterman en version souple. Toutefois, pour les plus jeunes lecteurs avides de bande dessinée classique, je conseille cette lecture quelque peu atypique !

Par FredGri, le 15 juin 2015

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