Comment faire fortune en juin 40

En juin 1940, la guerre est aux portes de Paris. A la Banque de France, on s’inquiète sérieusement car tout l’or dont elle était dépositaire n’a pas été déplacé. En effet, dans l’une des cellules souterraines, il reste une palette de 2 tonnes qu’il va falloir évacuer illico sur Bordeaux avant que l’envahisseur ne vienne se servir. De fait, il est plus que temps de trouver les convoyeurs qui pourront assurer cette mission. Après une série d’appels téléphoniques, la fine équipe est constituée. L’un des transporteurs, un tantinet bavard et vénal, informe son ami Franck Propp, boxeur de deuxième zone, de son départ et lui propose de faire main basse sur le magot durant le trajet. Piqué au vif, Propp décide de constituer une équipe et fait appel au truand corse Sambio et au pilote mécanicien allemand Kurtz. Ninon, la fille d’un crocheteur de coffres sur le déclin, vient les rejoindre. Fin prêt, le quatuor se met dans les roues du fourgon blindé de la Banque de France et attend le moment propice pour l’attaquer. Malheureusement, la guerre est partout provoquant un sacré bazar auquel vont être confrontés les poursuivants et les poursuivis. Aussi, l’équipe de Propp va devoir inévitablement s’adapter. La fortune est à ce prix !

Par phibes, le 25 septembre 2015

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Notre avis sur Comment faire fortune en juin 40

Voilà un ouvrage qui ne devrait pas passer inaperçu en cette fin de mois de septembre. En effet, comme l’annonce clairement le premier de couverture, il a le grand avantage de réunir sous la même jaquette deux grands scénaristes qui ont déjà travaillé ensemble (W.E.S.T., Les brigades du Tigre), et qui continuent à creuser leur place dans l’univers de la bande dessinée. Pour les nommer, il s’agit de Xavier Dorison, créateur entre autres des sagas Le Troisième Testament, Long John Silver, Undertaker…) et de Fabien Nury, initiateur de Il était une fois en France, L’or et le sang, Silas Corey, Tyler Cross…).

Prévue au départ pour alimenter un projet de film pour grand écran, cette aventure a la particularité de se nourrir librement de celle réalisée par le romancier Pierre Siniac, intitulée originellement (en 1975) L’or des fous et renommée, lors de sa republication en 1995, Sous l’aile noire des rapaces. Comme à leur habitude, les coscénaristes trouvent le moyen, une fois encore, de servir sur un plateau à leur lectorat un récit noir pleinement explosif (c’est un peu normal puisque l’action se passe durant la guerre), empli de rebondissements quasiment imparables et de dialogues acérés. Evidemment, l’évocation de ce casse reste dans un conventionnalisme volontaire, dans des dispositions scénaristiques qui se veulent faire un gros clin d’œil au cinéma français des années 60/70 à la mode de Lautner (L’œil du monocle..), de Verneuil (Cent mille dollars au soleil…) ou de Clouzot (Le salaire de la peur…).

Beaucoup de dynamisme est à découvrir dans cette histoire qui n’hésite pas à jouer pleinement sur des ressorts bien usités. Des protagonistes loin d’être des enfants de chœur avec des personnalités bien campées, des aspirations les plus viles, un chargement d’or des plus alléchants, une course-poursuite qui semble ne jamais se terminer, une guerre qui pèse de tout son poids dans la quête, des explosions, des échanges musclés, des rencontres inattendues… tels sont les ingrédients parmi tant d’autres qui alimentent ce one-shot gorgé de noirceur. Aussi, malgré quelques petites chutes de régime, on se prend au jeu machiavélique des acteurs et à leur projet qui, il va de soi, ne va pas se dérouler comme prévu.

Pour illustrer cette aventure tonitruante, Laurent Astier prête sa plume. Force est de constater que l’artiste, appuyé généreusement par la colorisation de Laurence Croix, tire son épingle du jeu en usant d’un dessin et d’un découpage actif très efficaces, qui font la part belle à l’action la plus bruyante. On ressent beaucoup de nervosité, ce qui en soit est des plus profitables pour la course-poursuite. Grâce à un trait qui lorgne un tantinet sur celui de Sylvain Vallée dans Il était une fois en France, le dessinateur joue très habilement sur l’apparence de ses personnages, véritables grandes gueules au faciès taillés à la serpe, bénéficiant de physiques qui en imposent indubitablement.

Une aventure complète tonitruante à souhait, concoctée par des artistes en pleine forme créatrice, qui pourrait, pourquoi pas, de par son final ouvert, donner lieu à une suite.

Par Phibes, le 25 septembre 2015

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