COMMANDO COLONIAL
Le loup gris de la désolation

Maurice et Antoine sont encore dans de sales draps. Accompagnés de leur pilote polonais Zlacko, ils ont dû atterrir en catastrophe sur la minuscule île d’Europa. Leur avion n’est pas près d’être réparé et ils commenceraient presque à prendre du bon temps dans ce coin si tranquille. Mais l’île n’est finalement pas si déserte que ça…Le maître de lieu, un Portugais farfelu au prime abord, invente au fur et à mesure des règles et des interdits qui ont le don d’énerver Maurice et Antoine.

Par Arneau, le 1 janvier 2001

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

2 avis sur COMMANDO COLONIAL #2 – Le loup gris de la désolation

Comme mon collègue j’aime beaucoup le travail d’Appollo et Brunö, et ce depuis que l’on ma glissé Biotope entre les mains.

Au début j’avais trouvé pénible le fait de voir toutes ces cases en allemand et en anglais non traduites. Mais la théorie évoquée par Arneau est séduisante et permet de redécouvrir la bédé sous un nouvel angle. En revanche, pour le côté "blockbuster", au lieu de USS Alabama qui se passe de nos jours, j’aurais plus choisi U-571 qui se passe à la même période mais le côté oppressant en moins et les effets spéciaux en plus (mais c’est vraiment pour chipoter). En fait pour l’anecdote Petersen, pour rendre la justesse du roman lors de l’adaptation dans son film Das Boot, a fait construire une coque de sous-marin en métal afin que les bruits, la chaleur soient rendus de la manière la plus réelle possible, et que ses acteurs soient vraiment dans la peau d’un sous-marinier de la Kriegsmarine.

Par rapport à Arneau, il y a un point sur lequel je ne suis pas d’accord. Certains choix montrent justement une forme de manichéisme. On montre que la barbarie est toujours omniprésente chez les Nazis et que les prisonniers sont les gentils de l’histoire (certes nous ne sommes pas trop loin de la vérité). Il y a des éléments historiques qui me gênent. Le premier c’est une bulle où Maurice, qui demande combien de Juifs a fait exécuter le commandant. En Juin 42, la rafle du Vel d’hiv n’avait pas encore eu lieu (donc la participation au génocide du gouvernement de Vichy était-elle connue en dehors de la France ?) Ensuite, c’est le fait que les sous-mariniers allemands fusillent les survivants du cargo. A cette époque, les U-boot régnaient en maitre sur les mers (enfin sous les mers) et au contraire, aidaient les survivants des navires coulés. Ce n’est qu’après des attaques répétées contre les U-Boot se portant au secours des naufragés par des avions de patrouilles américains ou anglais que Donitz a demandé à ses commandants de ne plus porter secours aux naufragés. Tout Comme Nimitz dans le Pacifique.

Certes mon propos n’a rien à voir avec l’histoire de cette bédé qui, contrairement à ce que je laisse penser, n’est pas une fresque historique et du coup ne mérite pas une telle diatribe. Mais l’histoire ne se résume pas seulement à celle des vainqueurs. Donc pour revenir à la "petite histoire", les auteurs sont parvenus à montrer une certaine humanité dans cette relation entre le commandant du U-Boot et le commandant de la France Libre. Avec ces bulles non traduites, on a souvent l’impression qu’il ne se passe rien, et pourtant, on arrive quand même à ressentir la tension.  Une attitude pourrait sembler comique s’il en est, si l’on peut trouver cela comique, c’est que le plus raciste de l’histoire est finalement le Réunionais et pas le Nazi. Tout comme la tension au sein de l’équipage ou leur joie, l’agacement d’Antoine à l’encontre de son collègue finit par rejaillir également sur le lecteur.

Au final, ce second tome se montre tout aussi convaincant et captivant que le premier. En transformant cet épisode de la guerre de course que livrait la Kriegsmarine aux Alliés en histoire d’espionnage, les auteurs sont parvenus à monter une trame tout à fait convaincante. D’autant plus convaincante que des sous-marins allemands on effectivement opérés dans l’océan indien suite à l’avance alliée en France.
 

Par Eric, le 21 juillet 2009

Après un premier tome très sympathique qui nous avait amené sur l’île de Madagascar lors de l’opéation "Ironclad", on va suivre ici nos deux soldats de la France Libre partis s’échouer sur une île presque déserte. Mais ce petit coin de paradis va leur réserver bien des surprises et ils vont être contraints d’embarquer dans un sous-marin allemand. Le rythme du récit va alors ralentir et on suivra l’intrigue au fil des plongées et remontées du submersible. Les auteurs réussissent ainsi le tour de force de nous « immerger », en quelques planches dans le quotidien si particulier des sous-mariniers. Ils osent même laisser des dialogues entièrement en allemand (sans traduction) pour que le lecteur se sente aussi perdu que les deux soldats français. On pense inévitablement aux grands films de sous-marin, mais on lorgne plus vers le réalisme du magnifique Das Boot  de Petersen que du blockbuster à la  USS Alabama . Les dialogues sont toujours aussi savoureux et le scénario, très intelligent, évite soigneusement tout manichéisme. Le doute s’installe alors chez les protagonistes autant que chez le lecteur. Apollo traite ainsi avec subtilité le thème de l’alter ego et livre une fin poignante parfaitement orchestrée par un Brüno très en forme. Sa mise en scène sert le récit à chaque instant et la simplicité apparente de son dessin lui donne une efficacité diabolique. Encore une fois, les couleurs de Laurence Croix font des merveilles et accroissent le sentiment d’oppression qui règne à l’intérieur du sous-marin. On en aurait presque du mal à imaginer le dessin de Brüno sans les couleurs si complémentaires de cette coloriste.
Au final on se demande comment les auteurs ont réussi à livrer un album aussi dense et riche en seulement 48 pages. Chapeau !

Par Arneau, le 20 juillet 2009

Publicité