COMMANDANT ACHAB
Ma jambe de plastique

Achab et Karim sont appelés à mener une nouvelle enquête, cette fois dans le milieu branché du showbiz, celui des vedettes pour adolescents.
Pour ces nouvelles gloires, la vie va vite et la gloire peut passer aussi rapidement qu’elle est arrivée. Certains sont prêts à aller très loin pour ne pas retomber dans l’anonymat, trop loin sans doute, jusqu’au meurtre peut-être.
L’enquête d’Achab va se révéler surprenante et la sensibilité de notre Commandant va venir effleurer un peu plus la surface rêche de son caractère.

Par olivier, le 15 juin 2010

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Notre avis sur COMMANDANT ACHAB #2 – Ma jambe de plastique

Stéphane Piatzszek a choisi pour ce second tome des enquêtes du Commandant Achab, flic un peu atypique du 36 quai des orfèvres, le milieu du showbiz, et plus particulièrement celui des vedettes pour adolescents.
Le milieu du people jeune est bien observé, avec des modèles pris dans la réalité, à l’instar de cette jeune fille très riche dont le papa possède une chaine d’hôtels et qui veut à tout prix devenir star.
Il rend fort bien le tragique de ces vies brulées aux feux de la gloire où l’alcool, le sexe et la drogue font partie du quotidien de ces jeunes célébrités souvent éphémères, incapables de maitriser la popularité et surtout de l’installer dans la pérennité.
C’est tout, tout de suite et la morale pourrait être que dans ce milieu il n’y a pas de place pour les purs.
Dans un monde superficiel où l’on se brûle facilement les ailes, où les paparazzis traquent ou achètent des fragments de vie, Achab trouvera peut-être un peu d’humanité et de compassion mais en flic intègre, il lui faudra avancer en mettant de coté ses sentiments.

Et, toujours en filigrane, nous retrouvons le passé qui hante les deux hommes, sans qu’Achab puisse vraiment se laisser aller aux confidences et sans que Karim soit encore prêt à les entendre. Petit à petit le voile se lève sur ce passé, les révélations de Khadidja, la mère de Karim, les discussions entre Achab et son frère lorsqu’ils évoquent leur enfance à Constantine laissent entrevoir une époque, une enfance heureuse avant que le chemin d’un des trois amis ne diverge violemment.

Tout comme dans le tome 1, l’humour est omniprésent, aussi bien dans les dialogues ou les répliques souvent dignes d’Audiart, que dans le dessin où Stéphane Douay a caché quelques perles.
On pourra regretter une chute un peu Deus Ex Machina, terme on ne peut plus approprié d’ailleurs pour l’occasion, qui clôt une enquête où les moments de paix, de respiration sont plutôt rares et toujours liés à la vie privée d’Achab.
Piatzszek met de plus en plus l’accent sur la personnalité de ses personnages que sur l’intrigue elle-même.
Achab prend de plus en plus de profondeur, d’épaisseur. Sous son caractère bougon et acariâtre se dissimule un homme sensible, qui cache une profonde blessure, une véritable rupture qui a fini par l’atteindre dans son âme et dans son corps.
Il devient de plus en plus attachant sous son air cynique.
Parmi ces gens broyés par la vie qu’ils ont plus ou moins choisie, ceux qui refusent le système ou cherchent à en préserver leurs proches sont peu de choses face aux charognards de la presse qui s’intitule maintenant people pour ne plus dire à scandale.
Ces personnages sont tellement vrais que l’on regrette la fin. Mais Piatzszek respecte la loi non écrite qui dit que même dans les romans, la police ne se substitue pas à la justice.La frustration fonctionne très bien, ce qui implique une écriture du scénario particulièrement efficace.
La collaboration entre Piatzszek et Douai est toujours aussi efficiente, avec un dessin et un découpage où l’ellipse de l’action peut se résumer en quelques cases là où il aurait fallu deux pages de texte. Raccourcis particulièrement parlants où le visuel se suffit à lui-même pour décrire une profonde déception qui mène à l’acte ultime. Quand dans un album, pour une scène de quelques minutes ou quelques heures, le dessin s’émancipe des mots, comme si le temps était brusquement suspendu, la magie opère. Il se crée une osmose entre le scénariste et le dessinateur qui touche le lecteur et lui fait ressentir la véritable détresse des acteurs.
Un deuxième tome efficace, où les couleurs sobres d’Irène Häfliger donnent un ton réaliste a l’album.

Par Olivier, le 15 juin 2010

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