COMICS JOURNAL (THE)
The Comics Journal

Depuis 1976 le Comics Journal est devenu le symbole de la critique libre de Bande dessinée aux Etats Unis, du vrai journalisme de pointe. Ils parlent de tout les genres, ils abordent toutes les cultures avec des correspondants un peu partout.
En ce mois de Décembre 2009 ils ont décidé de passer un nouveau cap. Dorénavant ils publieront un numéro annuel, tout en reléguant l’info régulièrement sur leur site. Cette nouvelle formule va-t elle durer ? Comment va évoluer maintenant ce prestigieux magazine ? Seul l’avenir nous le dira…
Mais pour fêter cela, ils ont sorti un énorme numéro 300 avec 11 incroyables interviews, plus quelques articles de fond…

Par fredgri, le 15 avril 2010

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Notre avis sur COMICS JOURNAL (THE) #300 – The Comics Journal

Depuis que j’ai commencé la lecture de comics en version originale, j’entends régulièrement parler de ces grands magazines américains. Avant il y avait Comics Interview, Amazing Heroes et… le Comics Journal qui a su garder à la fois son indépendance, mais surtout son incroyable exigence.

Et c’est important, pour ce médium, d’avoir une véritable critique, d’être pris au sérieux et carrément envisagé comme un Art à part entière. Ils sont trop nombreux ceux qui se disent que comme ils s’amusent bien à lire leur Thorgal, ça n’est pas la peine d’aller sortir des analyses et autres dossiers de fond sur la Bande Dessinée qui doit avant tout se mettre juste au service des lecteurs. Si un médium veut asseoir ses bases, s’il veut être pris au sérieux, il faut que quelque part il y ai des critiques qui relèguent l’information, qui débattent, qui honorent les pionniers, sortent des armoires poussiéreuses les grands oubliés, fassent découvrir des œuvres plus méconnues et insistent tant sur le fond que sur la forme. Bref, qu’ils fassent vivre cet Art au delà des préjugés, qu’il aient envie de le tirer continuellement vers le haut.
Sans pour autant, néanmoins, aller sempiternellement dire que tout est génial, un médium doit aussi avoir la capacité de se remettre en question. Il y a comme une sorte de fierté de faire partie indirectement de cette Histoire, on le sent bien en lisant ces pages.

Et le Comics Journal, depuis sa création en 76, est le parfait exemple de ce journalisme engagé, qui brave les à priori, en mettant sur le même piédestal tout le monde. Dans ce numéro 300, donc, les rédacteurs du CJ présentent principalement 11 interviews qui confrontent la jeune génération à celle qui les précède. Ainsi, on peut voir David Mazzucchelli discuter avec son ancien élève Dash Shaw, Denny O Neil, le pionniers de Dc discuter avec Matt Fraction, Frank Quitely avec Dave Gibbons, Art Spiegelman et Kevin Huizenga, Jean-Christophe Menu et Sammy Harkham etc.

C’est certainement l’un des ouvrages les plus intéressant que j’ai lu depuis très longtemps dans ce registre. Car, bien au delà de juste nous servir des dialogues entre créateurs, c’est surtout l’industrie de la BD mondiale qui est ici présentée. Que ce soit ces deux éditeurs un brin cyniques qui parlent de l’état de la BD en France et aux Etats Unis (Menu et Harkham), que ce soit ces deux artistes qui parlent de la liberté d’expression et des doutes qui peuvent encore régir la création (Mazzucchelli et Shaw), tout est plus ou moins abordé, de l’indépendant le plus obscure au grosses machines du mainstream, ce numéro 300 montre surtout que la BD est bel et bien vivante.

Et c’est bien cette leçon primordiale qu’il faut garder de ce numéro de transition. Avant tout, nous pouvons nous réjouir, la BD est toujours là. Les auteurs se succèdent les uns aux autres, ils écrivent cette Histoire, autant pour eux que pour nous. C’est passionnant à lire, "écouter" ces artistes discuter de leur métier, de ce milieu est très important.
Je n’ai pas toujours été d’accord avec ce qui est dit, après tout, en tant que lecteur, j’ai toujours du mal à me dire que cette évolution puisse aussi signer une sorte de déclin d’un certain nombre de valeur. Après tout, il y a tellement d’auteurs qui me font rêver encore et encore, que je reste très optimiste et heureux de savoir qu’ils sont là, "à mes côtés".

Un numéro indispensable, donc. Peut-être réservé à tout ceux qui rêvent d’un Art universel et moins d’une sorte d’industrie uniquement tournée vers le grand public.
On a la chance d’avoir encore un pôle journalistique très ouvert et indépendant comme avec le Comics Journal (ou Neuvième Art et certains magazines indé comme ça (sans parler des fanzines critiques)), alors profitons en…

Par FredGri, le 15 avril 2010

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