COMBAT ORDINAIRE (LE)
Planter des clous

Marco est devenu papa. Une grosse responsabilité, beaucoup de questions et une autre façon de voir le monde… Il continue aussi la photo et va partir couvrir la fermeture définitive du chantier naval où travailla son père toute sa vie.

Par legoffe, le 1 janvier 2001

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2 avis sur COMBAT ORDINAIRE (LE) #4 – Planter des clous

Et voilà, clap de fin pour le « combat ordinaire » avec ce tome 4 qui clôt cette chronique douce-amère d’un trentenaire, Marco.
Avant d’aller plus loin, je regrette que Manu Larcenet évacue un peu trop vite, dans le présent opus, des personnages auxquels nous nous étions attachés, tout du moins habitués au fil des albums, comme le frère de Marco (passé à la trappe) ou encore Monsieur Mesribes .
Comme en écho (mais tout est écho dans cet opus) au premier volume, une nouvelle campagne présidentielle reste en toile de fond de l’album, même si la politique est loin de là oubliée. Car j’ai eu l’impression que c’était, parmi les 4 volumes, le plus engagé, voire le plus politique de tous, notamment à travers Pablo, personnage que l’on avait déjà rencontré longuement dans le troisième volume dans de semblables dialogues nocturnes. Comme dans le poème de Baudelaire, nous pouvons parler de « correspondances » dans l’ensemble de ces 4 volumes : « comme de longs échos qui de loin se confondent …les parfums, les couleurs et les sons se répondent ».
C’est vrai que je m’attendais plus à un discours plus intimiste voire plus ouvert vers la famille. Mais il s’agit là d’un parti pris comme un autre , et les scènes consacrées à Marco et à sa fille sont touchantes, d’autant plus que la relation père-fille (en l’ayant vécu moi-même et en le vivant toujours) sont les plus formidables : « ce que j’ai fait de mieux dans ma vie, c’est ma fille. Je suis plus fière d’elle que de moi » écrit Jean d’Ormesson dans « l’odeur du temps »
C’est d’ailleurs le paradoxe de l’album, savoir concilier à la fois l’aspect politique, au sens large du terme, et l’aspect plus intimiste de Marco.

Même si les différentes interviews données par Manu Larcenet, il se défend d’avoir livré un témoignage autobiographique, je ne peux songer à cette phrase de Jean Paul Sartre « il n’y a pas de bon père… c’est le règle » et à la réponse de Jean d’Ormesson « le mien était merveilleux, ma mère aussi était merveilleuse… ».C’est toute cette histoire qui se déroule sous nos yeux.

Une formidable aventure prend fin, ou plutôt un fantastique témoignage dans lequel , toute une génération de trentenaire peut se retrouver ; formidable témoignage d’une époque qui n’est certes pas encore révolue mais porteuse d’espoir, comme on peut le voir sur la dernière page de cet album.

Je crois que je ne vous ai pas encore dit que j’avais aimé ce dernier volume , et au-delà , l’ensemble de ce chef d’œuvre de Manu Larcenet, car il faut bien parler là d’une œuvre à posséder, à lire et surtout à relire.
Indispensable !!!!

Par Hervé, le 11 mars 2008

L’humanité, le regard subtil que porte Larcenet à la vie quotidienne, font de cette série une œuvre profondément touchante. Ce dernier opus reste dans la même veine que ses prédécesseurs, transcendé par le regard d’un homme devenu père. La boucle est ainsi bouclée, retraçant les étapes qui marquent la vie, porteuse de vrais bonheurs et de profondes tristesses.

Larcenet constate, Larcenet ressent… Mais jamais il ne juge, pas plus qu’il ne tente d’apporter la bonne parole. Il souligne simplement des choses qui jalonnent notre pensée et notre vie de tous les jours, infimes, infinies, qui toutes ont leur importance finalement.

S’il est beaucoup question du regard que porte le père à son enfant, des responsabilités que cela incombe, des transmissions entre générations, Larcenet n’en oublie pas d’autres thèmes qui lui sont chers.

Le système économique, à travers la fermeture du chantier naval, est dépeint avec une grande sobriété. L’auteur n’attaque pas, il constate. Le discours n’est pas forcément défaitiste mais il est inquiet. Comme beaucoup d’entre-nous, Larcenet s’interroge sur les mutations de la société, toujours plus rapides, toujours promptes à nous mener vers des horizons inconnus. Cela ne signifie pas forcément qu’ils seront mauvais. Mais prenons garde à ne jamais oublier l’humain, qui fait la vie et subit la mort. Un thème également cher à notre auteur que l’on retrouve ici, entre le souvenir de son père, la disparition d’un voisin ou cette séquence dans le cimetière.

Vous l’aurez compris, si vous vous posiez des questions, ce livre ne vous aidera pas forcément à y répondre. Mais il vous rappellera que vous n’êtes pas le (la) seul(e) à vous interroger sur ce monde. Et si vous ne vous en posiez pas assez, ces pages vous permettront de porter un regard plus attentif sur les autres. Rien que cela fait déjà du Combat Ordinaire une œuvre merveilleusement optimiste qu’il ne faut manquer sous aucun prétexte.

Par Legoffe, le 7 mars 2008

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