COMANCHE
Furie rebelle

Pendant que Greenstone Fall fait un pas de plus vers la civilisation, de jeunes indiens fougueux et enivrés sèment le désordre au sein de la bourgade. Red Dust, promu adjoint au shérif, y remédie en incarcérant les agitateurs juste avant de partir quérir à la gare un visiteur de qualité, le photographe à la mode Dan Morgan. C’est à son retour que le responsable de l’ordre est témoin de l’attaque d’une ferme par une horde Cheyenne pour laquelle Comanche, la patronne du Triple 6, a pris la défense. Tout porte à croire qu’une faction des Cheyennes a décidé de provoquer la révolte de leur peuple en commettant des pillages meurtriers. Voilà qui va apporter de la matière à l’objectif du photographe Morgan.

Par phibes, le 1 janvier 2001

Publicité

Notre avis sur COMANCHE #6 – Furie rebelle

Le regretté Greg a l’immense particularité, comme peu de scénaristes l’ont, de diversifier sa grande production littéraire en écrivant des récits de genres bien distincts. A ce titre, si le présent opus fait partie de la catégorie des westerns, il en ait d’autres tels "Achille Talon", "Olivier Rameau" qui versent dans l’humour fantaisie, "Bernard Prince" dans l’aventure contemporaine, "Luc Orient" dans la science-fiction…

En grand connaisseur de l’histoire de l’Ouest, Greg nous replonge dans un contexte plutôt grave puisqu’il est question de soulèvement indien Cheyenne. Inspiré de conflits ayant existé tout au long de la conquête du territoire américain (les révoltes indiennes ont été très nombreuses), le fameux scénariste dresse un tableau dramatique dans lequel l’équilibre précaire d’une entente entre deux peuplades est soumis à rude épreuve et susceptible de dégénérer en guerre ouverte. L’aventure est mouvementée au gré des escarmouches des jeunes rebelles, coiffée par la grande sagesse (et résignation aussi) de leurs aînés auxquels Greg semble leur rendre un dernier hommage.

Afin d’alléger cette ambiance belliqueuse, un personnage singulier et peu commun en cet endroit en cours de civilisation, fait son apparition. Il s’agit du photographe Dan Morgan, qui par un raffinement vestimentaire, ses déclarations et son matériel original, va amener un certain décalage au récit et également de la légèreté (la montgolfière y est pour beaucoup).

Red Dust, quant à lui, semble être dépassé par les évènements. Amateurs de grands espaces et épris de liberté, il est "prisonnier" de son emploi de shérif adjoint et subit les prémices de l’avancée technologique. Greg s’amuse avec son personnage, dépité, plus habile à étouffer une révolte indienne qu’à gérer la frivolité de l’hôte de Comanche.

Les graphiques sont toujours somptueux. Hermann confirme haut les mains ses grands capacités à exécuter toute sorte de dessins (personnages et décors) dans un réalisme formidable. Les ambiances de l’Ouest qui passent par son crayon n’ont plus aucun secret pour lui. Certaines vignettes qui prennent la moitié des planches sont d’une précision redoutable, faisant penser que le dénommé Morgan a inspiré le dessinateur. Par ailleurs, un effort de colorisation directe est perceptible concernant l’exécution de cieux nuageux rehaussant les premiers plans.

La clameur des tambours annonçant la révolte qui gronde est à son paroxysme. Nul doute que Red Dust aura fort à faire pour faire respecter l’alliance hypothétique dont les garants ne sont pas ceux que l’on croit. Une très belle histoire acidulée.

Par Phibes, le 6 mai 2008

Publicité