Collaboration horizontale

 
C’était en 1942. Ce jour-là, un Allemand s’est présenté à la gardienne de l’immeuble et a demandé à voir la dénommée Sarah Ansburg. Lorsqu’il a sonné à la porte qui lui a été indiquée, c’est Rose qui lui a ouvert. Leurs regards se sont alors croisés, marquant le début de l’amour fou qu’ensemble, et malgré la situation, ils allaient risquer de construire.

Ce jour-là, Rose a sans doute sauvé la vie de Sarah Ansburg et de son petit garçon, car ils étaient juifs. La solidarité dans l’immeuble n’était donc pas un vain mot, et c’est comme ça qu’avec leurs quelques voisines et amies, avec deux hommes et deux enfants, aussi, Rose et Sarah surmontaient comme elles pouvaient les épreuves que la guerre leur imposait.

Rose était mariée, mais son mari était au front. Sa relation avec l’Allemand devait donc rester secrète. Mais ce ne serait qu’une petite cachotterie de plus, car si un Allemand s’était un jour pointé pour venir chercher une juive, c’est bien que quelqu’un l’avait renseigné, n’est-ce pas ?
 

Par sylvestre, le 23 février 2017

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Collaboration horizontale

 
Cette histoire n’est pas un huis-clos parce que le scénario nous extrait à plusieurs reprises de l’immeuble du Passage de la Bonne Graine dans lequel habite la majorité des personnages, mais on trouve malgré tout dans Collaboration horizontale une ambiance de microcosme, d’échantillon de population "à part", voire repliée sur elle-même. Il faut dire qu’on est en 1942, pendant une période sombre de l’Histoire de France, et qu’à l’époque, si la notion de voisinage est très forte, certaines peur sont à l’ordre du jour, comme : perdre l’un des siens, avoir des problèmes de ravitaillement, craindre la délation…

Après une mini-intro et quelques pages en noir et blanc, l’histoire commence et d’entrée, c’est pas moins de sept personnages qui apparaissent ou sont évoqués. Ces entrées en scène se font un peu comme au théatre, l’une après l’autre, en apparaissant par exemple dans l’encadrement d’une porte, et en cela, l’immeuble de nos héros est un décor idéal pour relier les gens ou les isoler les uns des autres.

Beaucoup de personnages arrivant d’un seul coup, c’est aussi un peu de difficulté pour la bonne compréhension, mais ne vous inquiétez pas : une deuxième lecture ne sera pas forcément nécessaire pour faire connaissance avec tout le monde si votre oeil réussit à dompter les différents physiques. A noter aussi que certains de ces personnages sont parents et ça aussi, c’est éventuellement un peu difficile au début.

Une fois que tout le monde est en piste, que les présentations sont faites, le rythme se cale et l’intrigue prend place. Chaque intervenant gagne en épaisseur au fil des précisions qui sont données sur sa condition et son caractère : les pièces du puzzle s’assemblent et tout devient plus limpide en termes de relations qu’entretiennent les uns avec les autres.

Le coeur du récit, c’est l’amour que veulent vivre Rose, pourtant mariée, et l’Allemand Mark. Cet amour est une lumière qui contraste avec une morosité ambiante due à la guerre, c’est aussi un secret qui va rendre Rose de plus en plus joyeuse mais donc de plus en plus mystérieuse, voire suspecte !Le scénario et le dessin se marient à merveille pour porter une très belle histoire. En outre, et surtout, le point de vue qui est donné au lecteur insiste sur le fait que l’Amour est la meilleure des choses qui peut arriver tout en le remettant dans le contexte vécu. On a tendance peut-être à avoir des griefs envers ces femmes qui ont fini tondues en place publique : de vivre le temps de cette bande dessinée aux côté de Rose, on voit forcément les choses différemment.

Une belle leçon, en somme ! Bravo et merci aux auteures Navie et Carole Maurel !
 

Par Sylvestre, le 23 février 2017

Publicité