Colères

Durant le trajet qui le mène vers son lieu de détention, Roger Bollard profite d’un moment d’inattention de son geôlier pour s’évader du train. Dans sa fuite, il fait la connaissance de Georges Trauven, cheminot un peu paumé qui n’hésite pas à lui porter secours en l’entraînant à son domicile. Malheureusement pour les deux hommes, ils sont vite menacés par le Colonel et ses sbires qui sont à la recherche des documents que Roger a volé chez sa victime, le docteur Pelletier, avant d’être arrêté. Devant le mutisme de l’évadé, le colonel s’en empare ainsi que de Line, la fille de Georges. Evitant de peu d’être exécuté, ce dernier part à la recherche de sa fille non sans avoir pris l’attache de Pavel, un ami sûr de Roger. Une course-poursuite s’engage alors qui va prendre une tournure politique inattendue.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Colères

"Colères" est le premier album réalisé par deux jeunes auteurs prenant leurs marques dans le monde du 9ème art. Produit dans la collection "KSTR", cet ouvrage, de très bonne composition, se fait l’écho d’une histoire de poursuite engagée à l’encontre d’un truand mêlé à un assassinat aux conséquences imprévues, dans laquelle prend part un cheminot quelque peu désabusé.

Il ne fait aucun doute que l’ambiance générale de l’histoire prend sa source dans l’univers cinématographique noir et très caustique des années 60, univers dans lequel policiers et bandits ont l’habitude de se côtoyer dans une sorte de complicité peu amicale. Mathias Mercier a su puiser une force narrative naturelle, simple, agréablement percutante en utilisant des dialogues à la Michel Audiard (on aurait presque l’impression d’entendre Gabin, Blier, Belmondo, Ventura…) peu redondants et empreints d’une certaine acidité. Le ton "pince sans rire" enfumé est partagé par tous les personnages, du truand Bollard au Commissaire Mesnino en passant par Trauven et son amie "La tige".

Par ailleurs, le scénariste a su faire monter son intrigue en allant la chercher relativement loin, au fond d’une cabine de train, et aiguiller son scénario en le faisant passer par plusieurs étapes charnières. Sans se détacher de ses personnages qui délivrent, chacun à leur tour, leurs petits secrets, il crée une affaire policière envoûtante, bien alambiquée dans ses contours et ses ramifications qui devrait transcender les adeptes de ces ambiances gluantes et mélancoliques.

Paul Filippi réalise, quant à lui, des graphiques vifs, épurés, à main levée sans recherche d’un réalisme photographique. Dans un style approchant celui de Christophe Blain, il crée des personnages décharnés et attachants, suffisamment expressifs pour camper le climat suspicieux dans lequel il nous plonge. A ce titre, l’apparence des protagonistes clés semblent inspirés par les acteurs de cinéma sus évoqués.

"Colères" est une bien belle histoire policière, très efficace, qui ne peut qu’en appeler d’autres.

Par Phibes, le 31 mars 2009

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