COGNAC
La part des démons

Après avoir baroudé dans le monde au cœur de pays en guerre, la reportrice Anna-Fanély Simon est de retour en France. Afin qu’elle se ressource, le National Geographic l’a envoyée dans le charentais, son territoire d’origine, afin qu’elle fasse un papier sur la fameuse eau-de-vie appréciée mondialement à savoir le cognac. Alors qu’elle est sur le point d’arriver à destination, elle apprend de son patron qu’un journal concurrent est également sur le coup. Aussi, il lui est conseillé de réaliser au plus vite son reportage. Elle se dirige au domicile de son ancienne meilleure amie Alice et apprend de son frère qu’elle a été tuée sauvagement, il y a quelques mois, par son mari, petit négociant cognaçais. Perturbée par cette nouvelle tragique, elle trouve tout de même le courage de rencontrer son contact, Fernand Favreau, ancien distillateur de Cognac, qui doit la guider dans la rédaction de son article. Tout en cherchant à comprendre le processus d’élaboration du réputé nectar, Anna ne peut s’empêcher d’en savoir un peu plus sur le sort de son amie… et même de mener sa propre enquête.

Par phibes, le 2 juin 2016

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Notre avis sur COGNAC #1 – La part des démons

Il ne fait aucun doute que de réaliser une histoire aux senteurs vinicoles est devenu pour Eric Corbeyran une sorte de rite qui se veut apprécié bien sûr par l’artiste mais aussi par ses fans. En effet, il suffit de voir la belle bibliographie dont il est à l’origine et qui se nourrit généreusement de la matière vinicole pour en extraire une histoire longue en bouche (Châteaux Bordeaux, Bodegas, In vino veritas, Le sang de la vigne, Esprits du vin ou encore tout dernièrement Clos de Bourgogne). Avec ce nouvel album, le scénariste s’associe à l’historien/journaliste Jean-Charles Chapuzet et ensemble se lancent dans un triptyque qui porte sur le même thème. Pour ce faire, ils nous invitent à les suivre dans la visite du milieu charentais où est produite la fameuse eau-de-vie le cognac.

Tout en se voulant didactique sur le processus de conception et de dégustation de ce divin nectar à la réputation mondiale, l’histoire proposée se veut s’abreuver d’une intrigue aux accents mêlés de découverte de terroir et d’enquête policière. Porté par Anna, une femme reporter dynamique, spécialisée dans les faits de guerre, le récit ballotte très agréablement entre les deux genres. Il nous amène à cultiver tout du long l’esprit viticole et également l’envie de comprendre le drame qui, évidemment, tourne autour du fameux breuvage et qui touche personnellement l’héroïne.

Ce premier volet se veut donc très intéressant à parcourir. L’intrigue a le mérite de s’installer dans un déroulement éprouvé malgré quelques petites commodités scénaristiques (comme par exemple la découverte du pantalon déchiré de Jérôme qui, bien sûr, permet d’orienter les recherches d’Anna). Il n’en demeure pas moins que le duo Anna/Fernand fonctionne bien et que leurs échanges, fort bien menés, font avancer efficacement les péripéties.

Luc Brahy, de son côté, n’est pas en reste. Ce dernier assure une mise en images au réalisme maîtrisé. L’on pourra saluer les superbes décors dont il est à l’origine qui dénote inévitable un effort documentaire pour reproduire efficacement le terroir charentais avec ses paysages naturels, ses domaines, ses villages, ses chais… De même, l’on concèdera que les personnages (en particulier Anna et Fernand) qu’il anime ont une réelle présence et assurent profitablement leur double mission à savoir celle d’éduquer et d’intriguer.

Une première partie d’un thriller qui donne l’eau (voire le cognac) à la bouche et qui, à la faveur d’un final percutant, suscite l’envie de connaître la suite. A déguster sans modération !

Par Phibes, le 2 juin 2016

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