COEUR DE PAPIER
Le salon

Sorti fraîchement du service de pédiatrie de l’hôpital, Kriss Bottomwine, du haut de ses onze ans, est envoyé dans un pensionnat à l’accès difficile et caché par une épaisse végétation. Il est accueilli par Rosamelia qui lui énonce très rapidement le règlement de la maisonnée à respecter scrupuleusement et édicté par l’énigmatique responsable des lieux. Il y rencontre Shua et Mortimer, deux autres pensionnaires quelque peu effacés et plutôt morbides. Afin de minimiser sa peur, Rosamelia lui remet une boîte d’allumettes sensé lui rappeler certains souvenirs. Qui habite réellement cet endroit pour le moins curieux où tous les faits et gestes des pensionnaires sont épiés par une personne qui évite de se montrer ? Kriss, curieux de nature, va tenter de le savoir et pour ce faire, va entraîner ces deux compagnons à enfreindre l’une des règles essentielles, celle de ne jamais gravir les marches du grand escalier doré.

 

Par phibes, le 21 janvier 2010

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Notre avis sur COEUR DE PAPIER #1 – Le salon

Conformément à l’avertissement que les auteurs n’ont pas manqué de donner en guise de prologue, ce premier épisode qui vient agrémenter après Billy Brouillard, Eco et Contes macabres, la collection atypique "Métamorphose", nous plonge dans un conte peu ordinaire, pour des enfants pas ordinaires et avec des intervenants peu banals. En effet, dès les premières phrases, Bruno Enna, qui intervient cette fois-ci en tant que scénariste après une incursion graphique dans la série Monster allergy, plante le décor de son histoire intrigante. Si celle-ci fait déambuler un petit bonhomme tout ce qu’il y a de plus touchant, elle vient greffer autour de lui un environnement oppressant, sophistiqué et mystérieux. Aussi, à l’image de Kriss, le personnage central, qui pénètre dans ce nouvel univers, le lecteur est pris d’un questionnement incessant sur ce qu’il croise au fur et à mesure qu’il avance.

Bien que l’auteur ait fait appel à de jeunes protagonistes (peu nombreux au demeurant), l’ambiance qu’il instaure est loin d’être enjouée et flirte à plusieurs reprises avec le concept de la mort. Il y ajoute une grosse touche fantastique (les nez cachés, les ombres…) et verse dans l’irréalité, le cauchemar et le macabre dès que les enfants ont enfreint la règle.

Bruno Enna joue également sur les caractères de ses personnages en divulguant des pans de passé peu rayonnants pour Kriss (son opération du coeur), Juha et Mortimer. De même, il octroie un rôle éphémère à la petite Rosamelia et très particulier à Mamie-Nuit qui se voit animée d’une sournoiserie et d’une cruauté effrayante.

Giovanni Rigano se meut très adroitement dans un univers torturé, très alambiqué sur lequel plane l’ombre de la mort. Les planches qu’il exécute avec originalité regorgent d’enluminures richement décorées au sein desquelles les petits personnages évoluent, en quête de réponses. Son trait peut à la fois véhiculer une vive émotion au regard du sort des enfants et dispenser une atmosphère angoissante à souhait, surtout lorsque les masques tombent et qu’on comprend le rôle de la maîtresse du pensionnat. Les visions cauchemardesques sont pléthores et démontrent l’aptitude de l’artiste à se jouer du fantastique dans des dimensions extrêmes.

A noter qu’à l’issue de cette première partie, le scénariste vient donner, par une longue prose, un complément d’informations sur le passé de Shua, l’un des compagnons de mésaventures de Kriss.

Un conte angoissant plein d’originalité et d’émotions qui colle à merveille avec le concept de la collection "Métamorphose".

Par Phibes, le 21 janvier 2010

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