City and Gender

Des hommes, des femmes, dans une ville froide et terne, se croisent et s’entrecroisent. C’est le mélange des genres qui a donné naissance à la mini série City and Gender, publiée ici dans une belle édition limitée. Dans ce paysage urbain plutôt vide, la seule vie, ce sont les passants, qui se retrouvent malgré eux au coeur de saynètes ordinaires, mais pas si anodines si l’on y regarde de plus près.

Par Clémence, le 4 avril 2015

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Notre avis sur City and Gender

Julie Maroh s’intéresse dans cet ouvrage aux stéréotypes proéminents dans notre société. Chacun, homme ou femme, a sa place tout à fait déterminée dans cette culture sexiste, et il est difficile de sortir de ces préjugés pourtant galvaudés, qui nous collent à la peau.

L’ouvrage propose une construction en miroir pour un diptyque français et anglais, on retrouve en effet la version originale anglaise, mais à l’envers ! Cette dichotomie est au coeur de la construction de City and Gender.

En effet, c’est une véritable étude de l’espace, et de ses habitants, que propose Maroh au travers de ces scènes quotidiennes que chacun aurait pu vivre, ou contempler. On explore le dehors, le dedans, l’envers du décor, de l’autre côté du miroir.

Car ce miroir dévoile des échos : c’est le miroir des genres, l’homme masculin et fort, la femme objet sexy et désirable. C’est également le miroir de la ville, et de la vie, une vie régie par un modèle sexué et des stéréotypes forts et persistants.

En effet, la réflexion sur la place de l’individu dans la société, dans cette ville, devient une réflexion sur le sexe. A chaque genre son image : pour les femmes, le harcèlement ordinaire, ces petites remarques qu’il faudrait presque qu’elles prennent comme des compliments, car dans cette image projetée, une femme est soumise, sexy, et sujette à de forts débordement dus à son sexe « faible ».

Au contraire, un homme doit être très masculin, et afficher sa virilité aux yeux de tous en société. Chacun doit tenir son rôle, et assumer ces images projetées dans un paysage urbain où partout, les préjugés sont érigés en exemples, en modèles.

Mais Maroh trouve tout de même une lueur de vie, d’espoir dans ces clichés quotidiens. Ainsi, certains essayent de briser ces stéréotypes pour se libérer des chaînes et diktats d’une société divisée en deux. Ce miroir ou trompe-l’œil illustre la façade d’une société qui divise, catégorise, et Maroh gratte cette surface avec finesse et humour, pour en montrer toute l’absurdité.

On appréciera le trait qui capture le mouvement, l’expression du visage, l’émotion fugace ou tenace des personnages. Un ouvrage en noir et blanc, aussi tranché que les genres que Maroh met à plat pour une réflexion plus profonde.

Par Clémence, le 4 avril 2015

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