CIRQUE ALEATOIRE (LE)
La lumière du Kouchan

Sur la presqu’île des Tchouktches, l’équipe du Cirque Aléatoire vient, à la demande de l’un des anciens chamans, prêter main forte à trois villages menacés par l’oppresseur Verkhan. Ce dernier, protégé par une escouade chinoise, a réquisitionné tous les hommes du cru pour rechercher au sein de la montagne le trésor ancestral de Kouchan. Celui-ci apportant la toute puissance à son détenteur, il est indispensable pour Eleuthère de préserver ce patrimoine sacré et, pour ce faire, il se doit de déjouer finement les plans machiavéliques du tyran. Mais, un soupçon de trahison semble se faire sentir en la personne de Vijay, jeune chaman impulsif. A moins qu’il ne s’agisse d’une manœuvre calculée…

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur CIRQUE ALEATOIRE (LE) #2 – La lumière du Kouchan

L’équipe hétéroclite du Cirque Aléatoire reprend du service en intervenant pour le compte d’une peuplade martyrisée par un chasseur de trésors. C’est à l’extrême Est de la Russie de 1900, sur un territoire gelé du bord de l’océan arctique que va opérer cette ligue de personnages extraordinaires.

Dotés de particularités qui ne sont pas données à tout le monde, Eleuthère et sa bande exceptionnelle mettent au service de la bonne cause leurs curieuses prédispositions. A ce titre, l’homme caoutchouc est celui qui est le plus surprenant et malheureusement pour moi, le moins convaincant pour un homme du cirque. En effet, s’il possède la capacité de se contorsionner dans tous les sens et s’allonger à la manière de Reed Richards (des 4 Fantastiques), il a le don également de se transformer en un claquement de doigt, là en homme des neiges, là en grizzly. Par ce fait, on échappe un peu à la magie du cirque des années 1990 pour franchir la limite fantastique, faisant perdre au récit un peu de sa crédibilité.

"La lumière de Kouchan" fait appel à des bases historiques réelles puisqu’elle fait revivre, au travers de la peuplade brimée, l’ancien premier empire de l’Asie Centrale, celui des Kouchan, éteint durant l’Antiquité. Fort de cette culture ancestrale, Sylvain Ricard a créé sa fiction des trois masques de l’empire de Kanisha. Le style est agréable, linéaire et dithyrambique pour la peuplade qui préserve son seul héritage. On suit avec curiosité les pérégrinations d’Eleuthère qui, à la façon d’un inspecteur de police, mène son enquête au gré des informations et indices glanés. On relèvera quelques passages originaux qui prêteront au sourire (le premier étant l’urinoir de la bâtisse du Conseil des Chamans…), d’autres qui prouveront l’inventivité du scénariste (la découverte de l’utilisation du troisième masque).

Christophe Gaultier défend, quant à lui, un style bien particulier aux effets étonnants. La naïveté et l’imprécision de son trait lui permettent de réaliser à la manière de Christophe Blain des personnages tout en longueur, démesurés, taillés à la serpe. Loin d’être inélégant, il donne une impression de rapidité, une impulsion juvénile à son graphisme. On ressent dans cette forme d’expression, qui n’est pas pour déplaire, comme une certaine fébrilité à en découdre avec les directives du scénariste.

Le Cirque Aléatoire vous attend pour sa deuxième représentation en milieu naturel et pour un sympathique moment de lecture.

Par Phibes, le 13 mai 2008

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