Cinq branches de coton noir

Douvres, 1944, un camp militaire américain. Tout comme ses camarades de couleurs, le soldat Lincoln déprime de ne rien faire. Les seuls moments où il se passe quelque chose, c’est lorsqu’il y a une bagarre à causes des discriminations raciales. Lorsque les alliés débarquent le 06 juin 1944, en Normandie, Lincoln pense qu’enfin les noirs vont pouvoir participer à l’effort de guerre et combattre les nazis, comme les autres. Sauf qu’il ne se passe rien pour eux.
Son destin change le jour où il reçoit une lettre de sa soeur Johanna qui lui parle d’une étrange découverte faite en lisant un manuscrit qu’elle a récupéré dans les affaires de leur tante décedée, datant de la fin du XVIIIème siècle et écrit par une certaine Angela Brown. Une domestique travaillant pour une certaine Elisabeth Ross, plus connue sous le nom de Mrs Betsy Ross qui fut invitée par Georges Washington à confectionner un drapeau pour ce nouveau pays, ces nations unies à venir qui luttent contre l’Angleterre. Angela Brown, pour rendre hommage aux noirs qui font aussi parti de ce "nouveau" pays, y ajoute un symbole caché. Si tout ce qui est écrit est vrai, ce manuscrit prend une valeur inestimable, tout comme le premier drapeau des Etats Unis qui a été créé et arboré sur les champs de batailles.
L’état major américain confie alors une mission particulière à Lincoln et deux de ses camarades : retrouver ce fameux drapeau sur le territoire ennemi…

Par berthold, le 23 janvier 2018

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Notre avis sur Cinq branches de coton noir

Cinq branches de coton noir par Yves Sente et Steve Cuzor est le premier titre Aire Libre de 2018. Une collection qui fête ses 30 ans d’existence.

Une sacré claque !
Ceux qui passent leur temps à médire sur Sente ont ici la preuve qu’il est aussi un grand scénariste, qui mérite que l’on s’intéresse à son travail. L’an dernier, on a d’ailleurs pu admirer son Il s’appelait Ptirou.
On comprend pourquoi Dupuis a sorti ce récit d’une traitre, alors qu’il aurait pu l’être en deux ou tomes. Mais ce récit ne pouvait pas "s’interrompre" comme cela…

Nous rencontrons Lincoln, soldat noir de l’armée américaine, cantonné comme ses frères de couleurs dans un camp, quelque part à Douvres. Ilse morfond en espérant  qu’un jour, ses supérieurs lui donneront l’autorisation d’aller casser du nazis. Mais, même après le 06 juin 1944, les soldats noirs comprennent que finalement, ils ne participeront à la guerre…
Jusqu’au jour où la soeur de Lincoln, aux USA, découvre dans les affaires de sa vieille tante décédée, un manuscrit qui peut tout changer et qui va donner à Lincoln l’occasion de réaliser une mission sur le terrain ennemi.
L’histoire de ce manuscrit raconte que sur le premier drapeau des Etats-Unis, qui fut crée avant le 04 juillet 1776, contient sous une des étoiles blanches, une étoile faite avec cinq branches de coton noir et qui etait un hommage d’une femme noire, Angela Brown, au peuple noir. Bien sur, Sente revient sur l’occasion qui a fait qu’Angela a fait tout cela et en toutes discrétions, sans que personne ne l’apprenne.
Et ce drapeau a disparu en son temps du champ de bataille et aurait été pris par des mercenaires prussiens.
C’est pour récuperer ce drapeau que Lincoln et de deux ses camarades vont devoir aller sur le terrain. Ils vont rejoindre le service de la MFAA et vont devenir des "Monuments Men".

Sente décrit des personnages forts, charismatiques, sans tomber dans la caricature. L’intrigue est très bien mené, construite. Elle apporte son lot de surprises et jamais, ce récit nous lasse. Au contraire, il y a un sacré rythme qui n’arrive pas à nous lacher jusqu’au grand final étonnant. Il est clair que la dernière partie du livre, du moment où ils sautent en parachutes sur le sol français jusqu’à la dernière bataille dans les Ardennes, est la plus impressionnante.
Tout y est parfaitement conté et documenté.
Cette oeuvre permet d’aborder divers sujets difficiles d’une façon intelligente et intéressante.

Steve Cuzor s’est fait connaitre avec O’Boys, entre autres.
Pour le moment, Cinq branches de coton noir va constituer son chef d’oeuvre. D’ailleurs, l’éditeur ne s’est pas trompé en nous proposant une édition noir et blanc de cet ouvrage, parue un peu avant noël 2017.
Cuzor va créer des planches d’une grande beauté. Elles sont époustouflantes et impressionnantes par moment.
Il y a une certaine ambiance qui ressort de ces pages. Les scènes de batailles sont assez incroyables. Nous avons l’impression de nous y retrouver dedans.
Les couleurs, les tons et les teintes sont judicieusement choisis.
Et la mise en page, la mise en scène est intelligente, magique et incroyable. Tout y judicieusement mis en scène.
Si jusque là, vous ne connaissiez  pas le nom de Steve Cuzor, c’est dorénavant chose faite !

Cinq branches de coton noir
est une grande oeuvre, réalisée par deux talentueux auteurs, qui mérite une très belle place dans vos bibliothèques. Une grosse surprise de ce début d’année. Un album qui va faire parler de lui.
Immanquable !

Par BERTHOLD, le 23 janvier 2018

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