CHRONIQUES OUTREMERS
Méditerranéenne

Etrange équipage que celui de ce navire quasi anonyme, le Prospect of Whitby. Il vient d’arraisonner un bateau ottoman sur ordre d’un lieutenant de Sa Majesté. L’objectif est de mettre la main sur un stock d’armes allemandes destinées aux Turcs. Autant de fusils en moins sur le front ottoman en pleine Première Guerre Mondiale.

Le soldat anglais ne peut cacher sa satisfaction. Mais son ambition et son ego lui font oublier qu’il est sur un cargo dont l’équipage est bien hétéroclite. Son capitaine, Liro Tana, est un taciturne. Et ses hommes sont des révolutionnaires mexicains et un indien du Yucatan. Le programme du bord ne sera peut être pas celui prévu par les Britanniques.

Par legoffe, le 10 avril 2011

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2 avis sur CHRONIQUES OUTREMERS #1 – Méditerranéenne

Après le superbe et émouvant Saint-Germain, la passion de Bruno Le Floc’h le ramène inévitablement à la mer et à une période qui l’attire visiblement, celle du début du XXe siècle. Comme souvent dans ses livres, la guerre n’occupe pas le premier rang, mais elle est toujours présente, lointaine certes, mais néanmoins là, en toile de fond.

Loin des combats de masse, nous naviguons sur une Méditerranée apparemment calme. Mais il s’agit d’un faux-semblant. La guerre peut revêtir d’autres aspects qu’un champ de bataille boueux où les hommes tombent par centaines. Ici, la lutte est moins spectaculaire, mais elle reste meurtrière. En témoigne le combat du début du livre, qui oppose les hommes de Tana aux trafiquants turcs. Il n’y a que quelques échanges de coups de feux – paradoxe avec la guerre de masse qui sévit sur le continent – mais la mort plane malgré tout.

Une ambiance de méfiance imprègne aussi le bord car on sent bien les intrigues qui se préparent derrière les écoutilles. Entre un lieutenant tout bonnement détestable et des compagnons de voyage qui sont particulièrement louches, le lecteur ne met pas longtemps à comprendre que le programme de la “croisière” ne sera pas celui dicté à l’origine par l’armée britannique.

Ce livre est l’occasion de découvrir l’ambiance très particulière qui pesait sur la navigation maritime durant la Première Guerre Mondiale, mais aussi de s’imprégner des différents conflits et enjeux qui jalonnaient cette époque, le tout à travers le périple de trafiquants d’armes.

Malgré un rythme scénaristique très inégal, le lecteur reste accroché au ponton et s’immerge dans ce périple méditerranéen (et un peu plus) avec un réel plaisir, toujours curieux de savoir comment l’histoire va évoluer. Il faut dire que les personnages sont intrigants et que l’auteur place ça et là quelques éléments qui laissent supposer que le récit va s’étoffer dans le prochain épisode.

Le Floc’h a aussi choisi un graphisme épuré pour cette aventure. Les couleurs sont clinquantes et le dessin faussement simpliste. Car le travail est important et démontre une belle expérience. L’ensemble, en effet, est très vivant, très en mouvements. Les jeux d’ombres et les tâches noires, qui façonnent personnages et paysages, donnent un style à part, très joli, qui me rappelle certaines planches d’Hugo Pratt.

Un bel album, donc, qui attise la curiosité du lecteur. Si l’histoire manque parfois de rythme, elle n’en reste pas moins plaisante. Il convient maintenant de découvrir la suite imaginée par Le Floc’h afin de voir si le premier effet positif se confirme. Mais, connaissant la qualité des oeuvres de cet auteur, il serait étonnant que nous soyons déçus !

Par Legoffe, le 10 avril 2011

Parfois au détour d’une lecture on est comme prit aux tripes par un récit, sans véritablement en saisir la raison on est captivé, envoûté par une histoire, une atmosphère qui émane des planches d’un album. Ces récits sont rares, précieux, et Chroniques Outremers de Bruno Le Floch en fait partie à plus d’un titre. Il m’est difficile d’exprimer avec précision ce que j’ai ressenti à la lecture de cet album car cela relève d’une certaine façon de l’irrationnel, de cette alchimie toute singulière qu’a su créer l’auteur et qui vous empoigne pour ne plus vous lâcher.

Cette magie (qui n’est pas sans évoquer celle que renferme un Corto Maltese) repose avant tout sur une atmosphère riche d’une épaisseur teintée de mystères. Car il faut bien dire que Bruno Le Floch témoigne d’une aisance dans la mise en scène de son récit digne d’un maître. La violence des actions s’oppose à la sérénité du regard d’un narrateur invisible, et de cet équilibre trouble nait la tension palpable de l’atmosphère qui offre une profondeur d’âme au récit. Superbe ! Mais l’auteur ne se contente pas de conter son histoire avec brio, il l’illustre aussi. Et le dessin comme la couleur révèlent un vrai regard d’artiste ! Son trait est empreint de caractère et ses couleurs sont lumineuses sans êtres excessives, chacun des plans est réfléchi et d’une justesse impressionnante. Du très beau travail.

Ce premier tome des Chronique Outremers est pour moi un grand coup de cœur ! Un must à lire de toute urgence.

Par melville, le 17 avril 2011

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