Chroniques de Jérusalem

 
Pendant une année, Guy Delisle a vécu à Jérusalem d’où il a pu rayonner dans tout Israël. Dans ces "chroniques", il nous raconte son séjour, ses rencontres, ses impressions…
 

Par sylvestre, le 3 décembre 2011

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Notre avis sur Chroniques de Jérusalem

 
[Mode perso ON] J’ai beaucoup aimé les bandes dessinées que Guy Delisle a réalisées après ses séjours en Corée du Nord, en Chine ou au Myanmar ; autant de pays où je ne suis pas allé. Quand j’ai su que ces Chroniques de Jérusalem paraissaient, je savais donc que j’allais adorer, parce que j’allais y retrouver les styles narratif et graphique que j’avais appréciés dans les autres BD de l’auteur. Mais aussi parce que j’allais ainsi voir par ses yeux des lieux que j’ai moi-même visités. Double intérêt, donc. Double satisfaction ! Certaines BD qu’on lit donnent envie "d’y aller". C’est le cas là aussi (j’y retournerais volontiers !), mais c’est en plus pour moi une BD qui me rappelle le plaisir d’y être allé. Et ça, c’est bon ! [Mode perso OFF]

L’exercice est le même que dans d’autres de ses titres autobiographiques, mais les décors ont changé. Guy Delisle n’est plus quelque part où seuls quelques happy few sont allés : bien au contraire, il nous parle dans Chroniques de Jérusalem d’un pays que beaucoup connaissent, d’un pays beaucoup plus accessible, voire très touristique. Cela dit, ce n’est pas pour rapporter des banalités qu’il a réalisé cet ouvrage : Israël est un pays dont la complexité a naturellement su pousser Guy Delisle à nous en parler, à nous le présenter tel qu’il l’a vécu et à nous l’expliquer tel qu’il l’a compris.

Et c’est vrai que c’est un pays compliqué, Israël… Si vous avez la radio, la télé ou internet, vous n’êtes pas sans avoir entendu parler des sionistes, de la Palestine, des intifada, des colonies, du mur de la honte ou encore de la difficile cohabitation là-bas entre les nombreuses communautés sociétales ou religieuses… De quoi alimenter bien des pages, ce qu’a fait avec talent, comme d’habitude, l’auteur d’origine québécoise.

Raconter un pays qu’on découvre, c’est forcément se faire un peu témoin, enseignant et pédagogue, et ça tombe bien : Guy Delisle aime jouer ces rôles ! Seulement, au début de sa bande dessinée, il se dépeint comme un homme un peu trop naïf ou mal informé, ce qu’on a un peu de mal à croire venant de quelqu’un comme lui qui est tout sauf un "lapin de trois semaines" !!! Cependant, cet angle d’attaque permet de "reprendre un peu tout au début" les différents points abordés : ça permet de mettre à niveau les lectrices et lecteurs qui ne se sont jamais vraiment intéressés à Israël et à la Palestine.

A côté de cela, il y a le danger du parti pris avec lequel Guy Delisle est obligé de jongler. Certains le lui reprocheront mais devront accepter qu’il puisse s’être fait une opinion à partir de ce qu’il a pu voir ! Et à ceux qui l’accuseraient de montrer du doigt telle communauté plutôt que telle autre en faisant des généralités, il saura rétorquer qu’il n’y a pas de fumée sans feu…

Par une succession de petits tableaux de quelques planches, Guy Delisle parvient à nous décrire "son Israël" et "sa Jérusalem", à parler beaucoup de lui aussi, bien sûr, et des activités qu’il a eues là-bas. A équilibrer le grave et le polémique à coups d’humour et de superficiel… Avec son dessin efficace, aussi. Bref, à être pour les lectrices et les lecteurs un guide de choix le temps (pour eux) d’un très intéressant "séjour" de près de 330 pages.

Un excellent titre dans la collection Shampooing des éditions Delcourt.
 

Par Sylvestre, le 3 décembre 2011

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