CHIMÈRE(S) 1887
Les liens du sang

Chimère a enfin dévoilé ses origines à Madame Gisèle, la propriétaire de La Perle Pourpre et en fille légitime, lui a demandé la moitié de la gérance de la maison close. Totalement dépitée par ce rebondissement incroyable, la mère maquerelle tente de se rattraper en lui proposant un avenir beaucoup plus radieux mais la jeune fille en a décidé autrement. Détentrice de la plaque photographique qui nuirait à la réputation de l’hôtel de passe et à celle de Ferdinand de Lesseps, Chimère force sa mère à accepter qu’elle la seconde. Faisant preuve d’une autorité insoupçonnée, cette dernière décide de donner un coup de jeune dans l’établissement pour être plus compétitif. Elle fait construire une petite scène de théâtre pour y faire jouer des filles dénudées et propose de réaliser des photos explicites de leurs pensionnaires en pleine action. Si ce renouveau semble augurer un virage bénéfique pour la Perle Pourpre, d’autres évènements à venir bientôt sont prêts à ébranler ses fondations et ses locataires. A commencer par un complot fomenté par des personnalités américaines qui cherchent à nuire à Lesseps et son projet de création du canal de Panama et dont la pierre d’achoppement serait Chimère.

Par phibes, le 5 décembre 2014

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Notre avis sur CHIMÈRE(S) 1887 #4 – Les liens du sang

Alors que les trois premiers épisodes campaient la petite héroïne Chimère dans un rôle passif qui l’obligeait à subir les pires tourments en tant que prostituée d’un bordel parisien, ce nouveau volet lui donne l’occasion de prendre une étoffe pour le moins inattendue et particulièrement bonifiante.

Certes les coscénaristes Christophe Pelinq (Arleston) et Melanÿn ont pu, à l’issue du tome précédent, nous mettre l’eau à la bouche en révélant dans une forme très rapide les intentions intransigeantes de Chimère et par ce biais, faire faire la culbute à leur histoire. Aussi, dès les premières planches de cet épisode, nous retrouvons notre petite rouquine dans des aspirations pleinement arrêtées, démontrant pleinement la prise en main de sa destinée et faisant perdre très visiblement de la superbe à Madame Gisèle.

A la faveur de cette tocade scénaristique, le récit se veut prendre un autre essor. A la faveur de son changement, Chimère délaisse dorénavant le côté petite fille fragile qu’on lui connaissait et qui nous faisait craquer pour endosser un costume d’adulte, plus mature, dur et moins aimable. Evidemment, l’intrigue générale continue à se démouler avec habileté, dans des élans dramatiques chavirants, se portant à la fois sur le passé de la jeune fille (cette fois-ci sur la paternité du peintre Vincent) et également sur le complot des opposants de l’entrepreneur Ferdinand de Lesseps qui ne manque pas de faire disparaître un personnage récurrent et d’en faire intervenir un nouveau charismatiquement beaucoup plus présent.

Le travail graphique de Vincent gagne semble-t-il en intensité. En effet, l’artiste gère au mieux cette énergie dont il est détenteur en réalisant ici un dessin plus fini et toujours historiquement convaincant. On pourra apprécier l’expressivité de ses personnages, en particulier celle de son héroïne, qui se voit caractériellement métamorphosée, dans des attitudes bien explicites. Les décors, parisiens et américains, sont également intéressants à parcourir dans le sens qu’ils trahissent inévitablement une étude documentaire poussée de la fin du 19ème siècle.

Un quatrième tome sur un univers à la fois dramatique et sans innocence, qui offre un autre virage dans la destinée de Chimère. Un album qui demeure bien agréable à parcourir.

Par Phibes, le 5 décembre 2014

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