CHIENS DE PRIPYAT (LES)
Saint Christophe

Le 26 avril 1986, la centrale nucléaire de Tchernobyl a explosé, déversant ainsi son fiel contaminé sur toute la région environnante. Six mois après la catastrophe, un groupe composé de quatre hommes, d’un enfant et d’un chien, quittent leurs chaumières pour se transporter en la cité de Pripyat, proche de la centrale et totalement vidée de ses résidents. Armés de fusils, ils s’apprêtent à faire la chasse aux animaux errants qui, touchés par les radiations, pullulent dans la ville abandonnée. Arrivés sur place, ils se mettent à l’œuvre et découvrent bientôt que l’univers fantôme contaminé dans lequel ils se trouvent n’est pas si vide que ça. En effet, malgré la catastrophe et ses terribles conséquences, il semble que la vie s’est, à certains endroits, adaptée au milieu.

Par phibes, le 30 janvier 2017

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Notre avis sur CHIENS DE PRIPYAT (LES) #1/2 – Saint Christophe

Aurélien Ducoudray peut se targuer de produire des histoires à la dimension humaine. Le présent récit en fait partie indubitablement puisqu’il s’attache, sous le couvert d’un fait réel ô combien sinistre, celui de la terrible catastrophe nucléaire de Tchernobyl, à nous conter les pérégrinations risquées d’un petit groupe de personnages pleinement charismatiques et sa rencontre avec d’autres aussi surprenants.

Assurément attiré par la culture des pays de l’Est (on lui doit aussi Amère Russie), le scénariste nous propose de suivre un petit garçon, Kolia, entraîné par son père et ses amis dans une chasse très particulière aux environs de la centrale nucléaire. S’appuyant sur des lieux (la cité de Pripyat) et des faits authentiques (l’éradication des animaux domestiques non évacués et l’existence de personnes étant restées sur place après la catastrophe), l’artiste nous entraîne dans un récit qui suscite bien des émotions. Entre la fragilité et la naïveté de Kolia, la dureté de son père, l’irresponsabilité de leur besogne pour quelques roubles et l’abattage sans retenue des animaux, Aurélien Ducoudray a décidé d’évoluer dans une tonalité sombre et inquiétante. Toutefois, sous cette chape attristante, il y génère des confrontations, parfois impitoyables (celle des pillards) et malheureuses (celle des résidents du village de Babtchine), parfois plus surprenantes, humaines et plus ancrées dans la culture (celle de la surveillante du patrimoine russe au niveau politique et religieux). A la faveur de ses rencontres intempestives, le récit campe ici l’ambiance hors norme de la cité de Pripyat tout en éveillant progressivement une petite intrigue qui prendra toute sa force à la dernière planche de cet album.

Pour la mise en images de ces péripéties irradiées, Aurélien Ducoudray s’est associé à Christophe Alliel, dessinateur auquel on doit, dans un esprit différent, la série Spynest ou le one-shot Le ventre de la hyène. Le travail qu’il réalise dans cet opus se veut de grande qualité et généreusement convaincant. A la faveur d’un trait maîtrisé et bien expressif, l’artiste parvient à délivrer un message réaliste qui touche par le fait qu’il mêle à la fois dureté et humanité.

Une première partie concluante qui souffle habilement le chaud et le froid dans un mélange dont le résultat donne envie d’aller voir la suite.

Par Phibes, le 30 janvier 2017

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