Le chemisier

Séverine mène ses études de lettres assez tranquillement, sans se faire remarquer. Habillée de son éternel tee shirt, elle assiste aux cours, passe ses soirées avec les amis de son copain, sans pour autant que l’on s’intéresse davantage à elle. Un soir, alors qu’elle fait du baby-sitting, la fillette qu’elle garde lui vomi dessus, le père lui prête alors un chemisier de sa femme et très vite Séverine sent que cette transformation physique lui fait passer un cap. Cette touche de féminité lui donne de l’assurance, les garçons se tournent vers elle, elle le remarque et ça lui plait. Son attitude change, elle devient plus séductrice, elle n’est plus seulement cette étudiante fade et effacée, elle devient une femme…

Par fredgri, le 9 octobre 2018

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Notre avis sur Le chemisier

Alors, si vous voulez savoir, non, "Le Chemisier" de Bastien Vivès n’est pas L’ALBUM de la rentrée, loin de là. Comme à chacune de ses sorties, l’auteur fait parler de lui (même s’il s’agit encore une fois bien plus de ses fans). Et, contrairement à la polémique qui entoure Petit Paul, cette fois la critique dithyrambique loue la subtilité de ce nouvel album.

Ainsi, Vivès explore, en toute pudeur, malgré les deux ou trois scènes un peu plus démonstratives, mais qui ne gênent en rien la lecture, bien au contraire, la prise de conscience d’une jeune femme qui découvre qu’une fois dépassé le stade de la femme enfant qui se cache derrière une façade neutre, elle peut devenir une véritable femme sexuée qui s’assume, qui se redécouvre dans le regard des autres, dans le reflet qu’elle admire dans la glace. Elle ne s’était jusque là jamais réellement observée, perdue progressivement dans ce que les autres lui renvoyaient d’elle même, c’est à dire une jeune femme fade, sans grand intérêt. Mais ce chemisier de soie, blanc, avec son décolleté discret, mais révélateur, devient vite le signe d’une transformation, d’une ouverture vers de multiples possibles… Peut-être peut elle même séduire ce prof autoritaire et intimidant, peut-être peut elle se faire draguer à la terrasse d’un café ou entrer dans la voiture d’un inconnu et… Elle verra bien…

Toutefois, elle reste encore une jeune femme qui se laisse vite griser par ces nouvelles sensations, qui fait même parfois un peu n’importe quoi, par caprice et impulsivité !
Et c’est certainement dans cet aspect de ce portrait que Vivès manque un peu de finesse. Le scénario est extrêmement linéaire, concentré sur une seule idée et partant du principe qu’il y a un avant et brutalement un après, même si la scénette en famille montre que Séverine n’a pas complètement dépassé son premier état. Mais ça aurait mérité que par exemple le regard des autres ne soit pas autant différent d’un jour à l’autre, que Vivès rajoute un point de vue féminin et pas uniquement centré sur le prisme du mâle qui désire… Car on se doute bien que ce chemisier, cette féminité exacerbée n’a pas seulement des retentissements "sexuels", par exemple… On s’en rend un peu compte avec sa performance pour son agreg, à peine ébauchée… Ce qui intéresse Vivès n’est visiblement pas là. On a le sentiment qu’il veut juste parler de cette confiance physique qui émane de la jeune femme, de ce qu’elle transmet, même si elle prend ensuite des décisions quelque peu maladroites !

Un album, donc, qui reste bel et bien du Vivès, avec cette narration intimiste entièrement centrée sur Séverine, qui donne un ton très particulier, très immersif et je dois bien avouer qu’on dévore l’histoire d’une traite, sans se rendre compte que les planches ont défilé devant nous.
Graphiquement, il ne sort pas de sa zone de confort, mais c’est aussi parfait comme ça.

Donc, bien que l’on soit assez loin du phénomène qu’une certaine presse clame partout, Le Chemisier est un album que je vous conseille vivement !

Par FredGri, le 9 octobre 2018

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