CHÂTEAUX BORDEAUX
L'amateur

Rien ne va plus au domaine de "Chêne Courbe". A la suite d’une malveillance inexplicable, la récolte de l’année en cours est irrémédiablement perdue. Compte tenu du marasme ambiant, nombre d’ouvriers ont décidé d’abandonner l’exploitation. De même, la vente de la cave familiale a échoué, la société acheteuse étant imaginaire. Aussi, le moral est au plus bas, Alexandra Baudricourt étant à deux doigts de laisser tomber le vignoble familial qu’elle s’était décidée de rétablir. Aussi, afin de surmonter ces épreuves, se réfugie-t-elle dans l’histoire mouvementée du domaine. C’est dans ce contexte qu’elle fait la connaissance de Logan Norton, un photographe américain, à prime abord sympathique et amateur de grands crus bordelais, qui a comme projet d’écrire un livre sur les grandes propriétés du Médoc. Mais à la suite d’une bévue, Alexandra s’aperçoit que cet individu joue un double jeu et se décide illico à lui faire avouer pourquoi une telle machination vis-à-vis de "Chêne Courbe". Alexandra pourra-t-elle affronter cette nouvelle crise et peut-être bénéficier enfin de l’aide de ses frères ?

Par phibes, le 19 mars 2013

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Notre avis sur CHÂTEAUX BORDEAUX #3 – L’amateur

Grâce à cette association qui leur est des plus bénéfiques, Eric Corbeyran et Espé reviennent sur le devant des étalages pour nous conter la suite des péripéties qui grèvent le domaine viticole du "Chêne Courbe" dont Alexandra Baudricourt, l’héroïne de la saga, a pris la charge. Avec ce nouvel opus, l’on replonge dans cette atmosphère pour le moins entêtante de ce grand chai promis, encore une fois, à une nouvelle crise.

L’épisode est pour le moins séducteur par le fait qu’il nous immerge, à l’instar des Maîtres de l’orge, dans les ambiances d’une histoire familiale à rebondissements. Des intrigues pour le moins profondes grèvent ce domaine et mettent sur la sellette la pérennité de celui-ci. Eric Corbeyran reste maître de son équipée en abattant de nouvelles cartes qui nous permettent de mieux cerner ce qui se trame actuellement autour de la belle Alexandra et de son patrimoine ancestral. D’un côté, cette dernière se voit confrontée à un acte de vandalisme et de l’autre, une tentative de manipulation pour le moins insidieuse qui avait été initiée précédemment. Dans les deux cas, ce volet apportera des réponses mais également aura l’occasion de nous faire repartir sur une autre piste sous-jacente particulièrement intéressante et convaincante au sujet d’un mystère ancestral.

On ne pourra que se délecter sur la manière dont l’histoire s’articule. La narration est fluide, pleine d’humanité et surtout se veut d’une certaine façon dotée, à l’image de Les ignorants, d’un didactisme généreux sur la vigne en général. A cet égard, Eric Corbeyran donne le "vin" à la bouche, libérant une vision éclairée et des intentions très louables quant à la dégustation de cette boisson alcoolisée naturelle, n’hésitant pas à mettre en avant, preuve qu’il s’est bien documenté, des crus, des territoires bordelais de grande notoriété.

La partie graphique est aussi de grande qualité. En bon fidèle du scénariste (Sept jours pour une éternité, Le territoire…), Espé accompagne le travail de son confrère avec un réalisme particulièrement accrocheur. Le dessin qu’il nous offre est certes classique mais se veut d’un détail absolument remarquable, proportionnellement réussi et colorisé avec soin. Ses personnages ont du charisme, de la sensibilité, de l’expressivité (on sent qu’Espé se plait à peaufiner ses portraits), autant de spécificités qui servent généreusement le récit. Pareillement, l’environnement décrit, les arrière-plans trahissent une rigueur artistique et un travail soutenu d’après photos.

Un épisode plein de saveur, de couleur qui n’occulte pas le drame et qui demeure un très bon moment de lecture que tout un chacun consommera sans aucune modération.

Par Phibes, le 19 mars 2013

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