Le château des ruisseaux

Le château des ruisseaux est un centre de traitement des addictions situé près de Soissons. On y entre par une grille, par une allée, par une porte grande ouverte et on y rencontre surtout d’autre addicts. Car voilà, le secret du château c’est la concertation, la thérapie de groupe ou chacun réagit à ce que disent les autres. Et pour que tout se passe bien, il ne faut absolument pas de tentation, il faut tenir bon…
Jean n’y croit qu’à peine, en arrivant. Il a croisé en chemin Marie, elle lui plait bien, finalement il va bien falloir tenter le coup. Il va suivre très scrupuleusement les instructions et très vite il va se rendre compte que ça lui réussit bien…

Par fredgri, le 16 janvier 2012

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Notre avis sur Le château des ruisseaux

Les gens qui arrivent dans ce château ont déjà entamé la démarche qui va les amener à remettre en question leur addiction. Ce qui fait que dans l’album nous ne sommes pas témoin de grosses crises d’alcoolos ou de junkie en manque. Non, on assiste, par petites touches à la thérapie que suivent les protagonistes. En fin de compte, c’est très vite assez instructif, et encore plus quand on se souvient des couplets si souvent rabâchés sur le fait que ceux qui ont une addiction ne sont que des victimes et bla bla bla. Ici, point de ce genre de discours déresponsabilisant, les uns et les autres assument leur parcours, en témoignent et tentent, ensemble, de s’en sortir.

Bon, on est confronté à des personnes qui ont eu réellement à souffrir (de même que leurs proches) de leur addiction, qui ont sombré et ont eu à subir des humiliations pour l’assouvir. On est loin du petit fumeur qui a du mal à s’arrêter, ici c’est du très lourd, et pourtant ils y arrivent, sans trop de difficulté, en plus. Le plus dur ensuite sera de résister, de tenir bon ses nouvelles résolutions…

Cet album est donc une autofiction, les personnages que nous croisons ont pour la plupart existé, on n’est donc pas dans un scénario qui force les différents parcours pour accentuer le côté pathos, loin de là.
Le scénario, d’ailleurs, n’entre pas vraiment au fond de la démarche thérapeutique, il n’est pas là pour décrire précisément tout ça, il se contente juste de nous faire ressentir l’ambiance générale avec comme trame de fond l’arrivée de Jean jusqu’à son départ.
Graphiquement, nous sommes face à un style très épuré qui peut déstabiliser. L’artiste se sert de photo et ensuite il les "repasse" au crayon ou a la tablette graphique. Cette transposition a, du reste, tendance à vider de son côté émotionnel les scènes présentées, comme s’il fallait justement éviter tout transfert émotionnel avec les "sujets". Ce côté froid est accentué par la volonté, tant sur le plan scénaristique que graphique, de rester dans un répertoire réaliste, voir même clinique, sans aucun discours qui pourrait permettre au lecteur de se rapprocher des personnages. Ce qui fait que, de la première à la dernière page, il n’est pratiquement pas possible d’éprouver quoique ce soit pour ces personnes qui se livrent devant nous. Et cette position de retrait permet vraiment de ne pas perdre de vue, à aucun moment l’aspect thérapeutique de cette "aventure".

Je n’ai jamais réellement eu affaire à ce genre de cas, mais j’avoue avoir été très troublé par l’expérience que vivent ces personnes. On n’a pas le temps de s’apitoyer sur les raisons qui les ont amené à venir ici, simplement cette volonté dont ils font preuve et qui suinte par-ci par-là est vraiment intéressante.
Un album qui brise quelques barrières, quelques aprioris, et qui brille par sa sincérité !

Par FredGri, le 16 janvier 2012

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