Chat siamois

Douce rêveuse, Emmy Hyacinthe a gobé une araignée,

Une veuve noire velue, qui l’a transformée.

Se complaisant dans son nouvel apparat,

Elle en fait profiter Marcelline, son chat.

Lui offrant un œuf magique de l’arachnide,

Le félin ne tarde pas à s’éteindre de façon morbide.

Pauvre Emmy Hyacinthe, perdre Marcelline

L’a rendue d’humeur plutôt chagrine.

Mais une surprise en la cuisine l’attend,

Un don de son minet des plus étonnants.

Par phibes, le 9 décembre 2009

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Notre avis sur Chat siamois

En cette année 2009, Guillaume Bianco n’en finit pas de nous étonner, agréablement s’entend. En effet, après avoir débordé du cadre conventionnel de la bande dessinée avec "Billy Brouillard" et "Epictète", s’être lancé dans une ballade onirique avec "Eco", le voici qui revient en force en produisant une comptine d’un genre nouveau. Inaugurant la toute nouvelle collection de chez Soleil "Venusdea", "Chat siamois" est donc un recueil qui de par sa conception luxueuse (album de petit format entièrement toilé de rouge et incrusté de noir et d’un médaillon finement colorisé) devrait attiser la curiosité des lecteurs.

Conçu sous la forme d’un poème bilingue (français- anglais), ce conte est l’occasion d’apprécier les talents de ce scénariste atypique qui, de par un texte concis et bien étudié, aux rimes enchanteresses, nous dévoile une curieuse histoire, celle d’une jeune fille et de son énigmatique chat siamois. S’il y a de la poésie, il y a aussi une certaine dureté (qui n’est pas sans rappeler celle d’"Eco") dans ces lignes que tout un chacun pourra déguster, dans une fraîcheur juvénile ambiante. La mésaventure d’Emmy Hyacynthe vire quelque peu au cauchemar, cette dernière étant peuplée d’araignée noire, de choses velues et de chat difforme. De fait, Guillaume Bianco nous intrigue tout en nous piquant au vif adroitement grâce à cette fantaisie noire dont il s’accommode avec un certain délice.

La verve sombre du scénariste est formidablement épaulée par les illustrations méticuleuses et imaginaires de Ciou qui signe là son premier album. Utilisant l’encre de chine, cette dernière fait preuve d’un travail bien engagé, aux accents gothiques, d’une noirceur envoûtante et d’un détail pointu qui attire indubitablement le regard et qui prouve d’ores et déjà les superbes aptitudes de cette jeune illustratrice. La portée de ces dessins est inhabituelle, très imagée et enlise celui qui les admire dans un tourbillon acidifiant délicieux.

Un album surprenant, d’une originalité flagrante et excellemment illustré, bien sous tout rapport malgré un prix relativement élevé.

Par Phibes, le 9 décembre 2009

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