Charogne

En 1864, sur les contreforts des Pyrénées, Joseph remonte de la ville vers son village dont il est le maire. Après avoir durement arpenté le sentier qui mène au bourg, il retrouve ses administrés et leur délivre les messages tant attendus. Une fois atteint sa demeure, il découvre que son fils s’est blessé au champ en utilisant la faucille. Joseph décide alors de le remplacer et rejoint Motus, son ouvrier. Après quelques coups de faux, il tombe à terre victime d’une crise cardiaque. Prévoyant de l’enterrer, les gens du village pensent à une cérémonie religieuse mais ils savent que le curé de la ville ne voudra pas monter au village, l’église n’étant pas encore réparée. Aussi, il est décidé de descendre la dépouille de Joseph afin que le prêtre puisse venir faire une bénédiction en un lieu donné, situé à mi-chemin. Malheureusement, la route principale étant coupé, il va falloir transporter le cercueil à dos d’homme à travers la montagne. Tandis que le jeune Jean, fils du défunt, est envoyé à la ville pour prévenir le curé, quatre hommes se préparent à faire la descente. Cette dernière va se révéler des plus sinistres, certes à cause des intempéries qui vont s’abattre sur le petit groupe mais aussi par le fait qu’elle va raviver certaines tensions et mettre à jour de terribles secrets.

Par phibes, le 18 mai 2018

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Notre avis sur Charogne

Charogne prend toute sa place dans la collection Treize étrange de chez Glénat. Se déclinant sous la forme d’une histoire complète, ce récit a le privilège de nous introduire dans une sorte d’intrigue rurale qui vaut pour son côté insolite et sa déclinaison exponentielle.

En scénariste averti, Benoit Vidal trouve immédiatement la tonalité qu’il sied pour capter l’attention du lecteur en le plongeant, dès les premières planches, dans le vif de sujet sous le couvert d’une narration quelque peu emphatique. De fait, le drame auquel on assiste pique la curiosité et soulève inévitablement un gros questionnement. Aussi, un retour en arrière semble plus que nécessaire pour en expliciter sa raison.

C’est donc à la suite du décès de Joseph, premier magistrat d’un petit village de montagne, et du transport de sa dépouille que les péripéties sont lancées. A la faveur d’un découpage habile, l’on concèdera que ce drame repose en grosse partie sur ce que vont vivre les quatre hommes porteurs du corps du maire, durant un cheminement qui va se révéler plein de surprises. Entre coups de gueules et coups du sort (un tantinet morbides), les péripéties ne cessent d’enfler. En parallèle, des secrets et des révélations amères en rapport avec le défunt et autres personnes font leur apparition jusqu’à atteindre des degrés extrêmes pour basculer dans la plus pure des tragédies. Force est de constater que le résultat est extraordinairement marquant et laisse inévitablement un goût amer dans la bouche.

Borris, de son côté, nous assure d’une illustration monochrome stylisée particulièrement efficace. Grâce à son trait semi-réaliste et à son sens du découpage, il parvient à donner une réelle profondeur à cette histoire dramatique. Ses personnages se révèlent dans leur ruralité, leur caractère profond et leurs agissements, sous le couvert d’une effigie suffisamment explicite. A noter que le travail qu’il réalise sur les intempéries est véritablement impressionnant.

Une tragédie rurale portée avec subtilité par un duo d’artistes au talent avéré. A lire !

Par Phibes, le 18 mai 2018

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