CHARIOT DE THESPIS (LE)
Le chariot de Thespis

Durant la guerre de Sécession, Drustan, jeune fils d’un riche propriétaire d’une plantation de coton sudiste, doit, au grand dam de son père, fuir sa maison familiale afin d’éviter être enrôlé de force dans l’armée du Général Lee. Accompagné par Mathusalem, son serviteur, ils traversent les lignes ennemies et finissent par se retrouver prisonniers des troupes yankees. C’est dans l’un de leurs campements que Drustan rencontre Hermès, curieux comédien philosophe itinérant, avec lequel il parvient à s’enfuir. Leur évasion les amène à passer par une petite bourgade qui ne tarde pas à essuyer l’assaut d’une bande de pillards. Contraints de participer à la défense de la petite ville, ils font la connaissance de Joe Adam, un autre fuyard qui se voit forcé, à l’issue des combats, de suivre les deux autres fugitifs. Fort de la constitution de ce trio, Hermès décide de créer une troupe théâtrale ambulante inspirée du Chariot de Thespis.
 

Par phibes, le 22 août 2009

Publicité

Notre avis sur CHARIOT DE THESPIS (LE) #1 – Le chariot de Thespis

Christian Rossi que l’on ne peut que connaître pour ses travaux excellents sur sa récente série "W.E.S.T.", est également à l’origine de ce western peu banal dont le premier épisode est sorti en 1982. Inspiré par les aventures à succès d’un certain lieutenant cher à Jean Giraud et Jean-Michel Charlier, il entame cette histoire d’une façon qui n’est pas sans rappeler celle que l’on a pu lire dans le premier opus de la série "La jeunesse de Blueberry". Utilisant le même cadre historique (la guerre de Sécession), l’auteur met en place sa fiction dans laquelle trois personnages charismatiques vont se présenter à nous au travers d’une sorte de road-movie bien animé.

L’histoire prend des chemins étonnants au gré des associations qu’elle crée. Dénonçant indirectement les absurdités de la guerre par l’enrôlement de soldats très jeunes, Christian Rossi modèle Drustan en un opposant fragile. Il y adjoint le singulier Hermès, qui, dès son intervention ampoulée, ne tarde pas à prendre la direction des péripéties en usant d’un verbe théâtral et manipulateur. Joe Adam finalise le trio pour incarner la brute épaisse de l’équipe.

La fuite dont il est question est l’occasion d’évoluer dans un ensemble scénaristique hétérogène fait d’humour bien distillé, de drames, de désillusions, d’actions diverses. Les personnages créés incarnent des antihéros par opposition à "Blueberry". Leur façon d’agir face à leur situation critique et au conflit qui les entoure devient une curiosité, une originalité qui nous entraîne sur un théâtre d’opérations inédit.

La polyvalence de Christian Rossi est probante. En plus d’un scénario original, il produit des dessins bien inspirés. Le réalisme de son trait est évolutif au fil des planches et prouve une maturité grimpante formidablement maîtrisée. Par ailleurs, l’on remarquera un petit clin d’œil à la série de Jean Giraud et Jean-Michel Charlier par l’apparition subliminale de Jim Mac Clure, l’éternel compagnon poivrot de Blueberry, tendant à prouver son total respect vis-à-vis de ses pairs.

Cet opus est un très bon premier épisode sur fonds de tragédie guerrière, aux accents lyriques sentant la poudre à canon, à lire et à relire sans craindre la foudre de Thespis.
 

Par Phibes, le 22 août 2009

Publicité