CHAPLIN
En Amérique

En octobre 1912, Charles Spencer Chaplin et Stanley Jefferson, tous deux faisant partie de la troupe théâtrale anglaise de Fred Karno, ont été envoyés durant trois mois pour faire une série de représentations aux Etats-Unis. Lors de la traversée de l’Atlantique, tandis que Stanley commence à regretter Londres, Charles n’a qu’une seule envie, celle de s’installer en Amérique. Eu égard à la misère que ce dernier a connue à Kennington Road lorsqu’il était jeune, il se promet une carrière extraordinaire qui devrait lui apporter richesse et célébrité. Il en fait part également à la jeune femme qu’il a rencontrée sur le bateau. Sous la pression de celle-ci, Charles lui narre d’où il vient, les nombreux métiers qu’il a dus exercer durement avant que ses talents d’acteur soient reconnus. Mais l’arrivée impromptue du père de la jeune femme oblige l’acteur à prendre ses jambes à son cou. C’est à cet instant que New-York apparaît devant lui. Empli d’un espoir démesuré, Charles, du haut de ses 25 ans, s’apprête à se lancer à la conquête de l’Amérique. Autant dire que cette dernière n’est pas une jeune fille facile. L’artiste va devoir, avant d’obtenir la consécration qu’on lui connaît, passer par des phases pour le moins peu engageantes.

Par phibes, le 19 mai 2020

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Notre avis sur CHAPLIN #1 – En Amérique

Après l’écrivain Stefan Zweig et le peintre/sculpteur Amedeo Modigliani, le scénariste Laurent Seksik a décidé de « s’attaquer » à la biographie d’une icône du cinéma muet, spécialisé dans le burlesque, à savoir l’illustre Charles Spencer Chaplin autrement dit Charlie Chaplin. Qui ne connaît pas cet acteur qui, à la faveur de ses nombreuses facéties, a su faire rire nombre de générations et qui continue à divertir les plus récentes ? Personne, en fait, mais par contre, qui connait réellement le parcours qu’il a dû effectuer pour obtenir cette reconnaissance mondiale ?

Laurent Seksik a donc décidé d’éclairer ses lecteurs en utilisant ce format (la bande dessinée) qui lui sied pour narrer la vie de ses personnages. Via cet album, il nous projette en 1912, au moment où Charlie Chaplin est déjà acteur de théâtre et commence à obtenir un certain succès auprès du public londonien. Nous le découvrons franchissant l’Atlantique (c’est sa deuxième tournée hors Angleterre) pour la conquête du public américain.

Le concept biographique mis en place se veut pour le moins captivant par le fait que le scénariste ne se contente pas d’énumérer les dates à la façon d’un documentaire. Tout au contraire, il donne à son récit une réelle dynamique romanesque particulièrement attrayante, mêlant en cela très habilement passé (par bribes) et présent, incluant de fait des personnages authentiques de l’époque. L’évocation, qui évidemment se rapporte à certains points de la vie de Charlot, se veut presque enfiévrée. Ce dernier, mû par une volonté impressionnante, une ambition démesurée et un engagement naissant finement retracés, nous entraîne sans grande difficulté dans son sillage pour nous faire découvrir comment il a gravi les échelons de la gloire et mis l’Amérique à ses pieds.

La participation de David François au dessin est des plus remarquables. Ce dernier nous introduit dans un univers en perpétuel mouvement, parfois fantasmé ne serait-ce que pour bien relever l’appétence phénoménale du personnage central. L’artiste dépeint avec une belle générosité semi-réaliste Charlot, nous faisant bien sentir la force de son caractère. La restitution dynamique de ce phénomène dans la tenue qui a fait sa notoriété est bien trouvée et donne une réelle force à cet ensemble.

Un volet dédié aux premiers pas de l’illustre Charlot dans son ascension pour une reconnaissance mondiale. De la belle œuvre comme on les aime. Vivement le suivant !

Par Phibes, le 19 mai 2020

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