Le chanteur sans nom

Envoyé par une agence d’intérim, un jeune homme a été engagé dans une maison de retraite afin de trier les effets personnels de personnes décédées. Dans l’une des boites qu’il se doit de ranger, il découvre un masque et d’autres affaires qui lui permettent d’identifier leur ancien propriétaire, le chanteur sans nom. Totalement passionné par sa découverte, le jeune homme se décide à retracer la vie de ce curieux personnage tombé dans un oubli certain. Qui était-il réellement et pourquoi ce masque ? Une évocation biographique toute en émotion qui apporte un éclairage sur la destinée de patachon de celui qui se nommait Roland Avellis et qui berça de sa voix intrigante toute une génération d’auditeurs.

 

Par phibes, le 12 mars 2011

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2 avis sur Le chanteur sans nom

A l’origine de Topless en 2009, le duo d’artistes composé par Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Balez se reconstitue sous bannière des éditions Glénat. Pour ce faire, ces derniers restent dans les ambiances musicales du siècle dernier et optent pour une évocation biographique d’un artiste à la destinée malheureuse, à savoir Roland Avellis, plus connu (au moment de son apogée) sous le pseudonyme du Chanteur sans nom.

L’étude que produit le scénariste est des plus réussies et permet de saisir la personnalité ambivalente de cet artiste, tiré entre sa soif de reconnaissance et ses nombreux travers. Utilisant des témoignages on ne peut plus poignants de personnalités qui l’ont connu, les agençant d’une manière passionnée, chronologiquement adroite, Arnaud Le Gouëfflec raconte la destinée de cet homme dont la marque de fabrique était de se produire masqué d’un loup noir.

La biographie fait preuve d’une originalité probante. Tout d’abord, dès le départ, à l’ouverture de la boîte aux souvenirs, le mystérieux artiste dont il est question se voit confiné dans un rôle ectoplasmique, commentant avec un certain esprit ses déconvenues et faisant souvent le lien entre les nombreux témoignages pour le moins poignants. Par ailleurs, le jeune homme qui fait les recherches biographiques n’a pas droit à la parole, se cantonnant uniquement dans le rôle de récupérateur d’éléments nécessaires à son bulletin. Enfin le découpage est habile, navigant entre recherches actuelles et retours en arrière explicites, et l’amenant inévitablement devant ses pairs pour un dernier jugement.

Le ton ne sombre en aucun cas dans la mélancolie bien qu’il y ait quelques bonnes séquences nostalgiques. L’humour a sa place et se déguste dans une légèreté appréciable perpétrée par la personnalité immature du Chanteur sans nom et à ses frasques peu débonnaires, à ses réparties de calembouristes.

Le travail d’Olivier Balez est en totale osmose avec celui du scénariste. Faisant appel à quelques effluences anciennes, son trait se meut dans un semi réalisme qui permet de juxtaposer les élucubrations ectoplasmiques du Chanteur et les pérégrinations présentes du jeune homme. A cet égard, il a le don de mélanger harmonieusement les époques dans des ambiances fantastiquement plaisantes. Il y a de la beauté, du cœur et de la qualité. Ces sentiments sont également renforcés par le jeu d’une colorisation adroite et bigarrée qui ne manque pas de fluctuer selon les situations.

Un volume émotionnellement superbe qui permet de sortir de l’oubli un personnage somme toute bien sympathique malgré ses quelques travers. A lire sur fond de Vous qui passez sans me voir pour être réellement dans l’ambiance.

 

Par Phibes, le 12 mars 2011

Après le remarqué Topless, Arnaud le Gouëfflec et Olivier Balez se penchent cette fois sur la vie d’un personnage historique presque totalement oublié : le chanteur sans nom, de son vrai nom Roland Avellis. Ils nous font découvrir cet artiste hors norme qui chantait masqué et qui a côtoyé les plus grands chanteurs de son époque comme Aznavour ou Piaf.
Ici, pas de biographie linéaire, le scénariste a préféré mélanger le passé et le présent, ce qui dynamise le récit. Grâce aux nombreux jeux de narration, le lecteur n’est jamais noyé dans la quantité d’informations et de témoignages de ce récit fleuve. La vie du personnage est retracée par un jeune homme (sorte d’alter-égo du scénariste qui a mené sa propre enquête sur l’artiste) constamment accompagné par le fantôme de l’artiste. Le chanteur autant agacé que flatté que l’on s’intéresse à son passé amène beaucoup de chaleur à cet album. Et même si le procédé crée parfois quelques lourdeurs, il contribue à rendre le personnage particulièrement attachant. Et c’est vrai que les auteurs ont su rendre cet artiste attachant sans pourtant l’épargner ou cacher ses travers.
Menteur, voleur, escroc, Roland Avellis a poussé ses excès de bouffe et d’alcool jusqu’à en mourir. Mais sa joie de vivre, sa chaleur, son talent, sa drôlerie le rendaient sympathique et attirant. Comme le dit si bien sa fille dans l’album « le plus curieux avec tous ces témoignages, c’est que malgré toutes ses escroqueries et coups pendables, tout le monde a gardé un excellent souvenir de mon père ».

Graphiquement, le travail d’Olivier Balez est remarquable, son jeu sur les couleurs magnifie l’ensemble et s’accorde parfaitement à son trait élégant. Les auteurs nous livrent une biographie très réussie et pleine de fantaisie à l’image d’un personnage haut en couleur que le lecteur ne risque pas d’oublier.

PS : paradoxalement, il est préférable de lire l’introduction du scénariste après avoir lu l’histoire car il dévoile beaucoup d’éléments de l’intrigue liée à la recherche du passe du chanteur.

Par Arneau, le 1 mai 2011

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