Crash à 4807 mètres

Le 24 janvier 1966, le Boeing “Kangchenjuga” de la compagnie Air India s’écrase sous le sommet du Mont-Blanc. Cela ravive de douloureux souvenirs, seize ans après l’accident du Malabar Princess. Mais, surtout, les journalistes et les habitants de la région trouvent étrange qu’un voile opaque soit levé sur le nouvel accident. Ni les autorités françaises, ni les italiennes, n’autorisent l’accès au site après le passage des premiers secours. Or, un contrôleur aérien affirme dans la presse que, selon lui, il y aurait eu collision entre le Boeing et un avion militaire italien. Les démentis officiels vont bon train, mais les faits sont d’autant plus troublants que le père du nucléaire indien, Homi Bhabha, était à bord du Boeign. Il se rendait à une conférence de l’ONU, à Genève, sur le désarmement nucléaire.

50 ans plus tard, sa petite fille décide de partir pour Chamonix mener sa propre enquête auprès des derniers témoins de l’histoire.

Par legoffe, le 26 décembre 2013

Notre avis sur Crash à 4807 mètres

Elisa Giacomotti signe son troisième album dédié à Chamonix en trois ans. Une sacrée prouesse qui démontre, s’il en était besoin, que les sujets intéressants ne manquent pas autour de la capitale mondiale de l’alpinisme.

L’auteur reprend, bien évidemment, de la hauteur, mais son chemin n’a rien de touristique cette fois. Le sommet du Mont-Blanc est, ici, tâché du sang des passagers de deux avions d’Air India. L’essentiel de l’album est consacré à la catastrophe aérienne du 24 janvier 1966, celle du Kangchenjuga, dont la médiatisation a été moins développée que celle du Malabar Princess survenue seize ans plus tôt. Et pour cause, les Etats italiens et français firent tout pour étouffer cette histoire qui compte pourtant 117 victimes à son actif, dont le physicien Bhabha. C’est, en tout cas, le partie pris d’Elisa Giacomotti qui rappelle que l’affaire est plombée par le sceau du “Secret-Défense”.

La scénariste raconte donc la catastrophe puis le rapide passage des secours, avant de faire un focus sur ces guides et journalistes qui vont tenter l’ascension dans des conditions dantesques pour contourner le “black out” des autorités. Cela se transforme en véritable récit d’alpinisme mêlé quasiment d’espionnage. La réalité a dépassé la fiction !

On ne peut que saluer l’auteur d’avoir rouvert ce dossier, ne serait-ce que pour la mémoire des victimes. Elisa Giacomotti nous conte également, en dernière partie de la bande dessinée, l’histoire du Malabar Princess, mais en se focalisant surtout sur les secouristes courageux qui firent l’ascension jusqu’à l’épave.
Ce livre, d’ailleurs, est aussi un hommage à ces hommes qui osent affronter les éléments pour se porter au secours des autres, y laissant parfois la vie.

Cette partie est aussi intéressante, même si elle n’a pas la même intensité que la première qui reste le moment fort du livre.

Son compagnon de cordée, Geoffrey Gillespie, qui dessinait déjà le précédent tome, n’a pas démérité dans l’aventure. Les graphismes sont agréables, tout comme les couleurs. Le dessin manque néanmoins de précision et de détails.

Voilà donc un bon album qui saura satisfaire les amateurs de montagne et ceux qui s’intéressent à l’aventure aéronautique. Car ces deux mystérieux crash d’Air India sont restés dans l’Histoire et ils se rappellent régulièrement à nos bons souvenirs, à l’instar de la découverte de ces bijoux retrouvés dans le glacier des Bossons en septembre dernier. Les moraines n’ont pas encore fini de déverser dans la vallée de Chamonix les restes de ces drames passés… De quoi rouvrir officiellement le dossier ?

Par Legoffe, le 26 décembre 2013

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