Les cerisiers fleurissent malgré tout

Itsuko Sonoda est Japonaise, mais elle vit en Italie avec son mari, Angelo. Elle est journaliste et son mari auteur de bande dessinée.

Itsuko est heureuse car elle retourne au Japon pour des vacances avec son mari, sept ans après avoir quitté son pays. Cela éveille en elle de nombreux souvenirs d’enfance, d’autant qu’elle va retrouver son ancienne maîtresse d’école avec qui elle a gardé des liens très forts.

Lors d’un voyage au Nouvel An 2011, Itsuko promet d’ailleurs à l’institutrice à la retraite de revenir la voir au printemps avec son mari afin de lui montrer le merveilleux spectacle des cerisiers en fleur. Mais, trois mois plus tard, le grand tremblement de terre et la catastrophe de Fukushima vont bouleverser la vie des Japonais. Pour ceux qui vivent à l’étranger, comme Itsuko, l’inquiétude laisse bientôt la place au malaise. Le désir de retrouver leurs proches et leur patrie, la peur de perdre leur pays… tout cela se bouscule dans la tête de ces expatriés.

Par legoffe, le 24 mars 2013

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Les cerisiers fleurissent malgré tout

Ce roman graphique est, en bonne partie, autobiographique. L’auteure vit, elle aussi, en Italie et elle précise, dans un texte explicatif en fin d’album, qu’elle a écrit l’histoire en partant de souvenirs d’enfance. Mais, alors qu’elle faisait appel à sa mémoire, un événement dramatique est survenu, la catastrophe de Fukushima.

Autant dire que toute sa trame en a été bouleversée. Elle a conservé des souvenirs de jeunesse dans l’histoire, ceux d’une petite fille victime d’une maladie qui l’a handicapée une partie de son enfance. Mais elle en parle pour mieux appréhender la notion de vie et de mort. Et d’en tirer des leçons qui restent indéniablement optimistes puisque la mangaka se place vraiment du côté de la vie et de l’espoir, malgré des souffles de doute et un récit teinté de nostalgie.

Grâce à Keiko Ichiguchi, nous pouvons étreindre, au moins partiellement, l’état d’esprit des Japonais confrontés à la catastrophe. Un regard particulier est porté aux expatriés, mais l’auteure prend aussi le soin de retrouver les Japonais restés au pays. Et quel contraste entre ces Japonais qui veulent retrouver leur patrie et des Européens qui ne comprennent pas ce besoin, voyant dans cette attitude une certaine inconscience face au danger.

Le livre ne montre que quelques images de la catastrophe. Le propos de l’auteure n’était pas là. Ichiguchi voulait surtout offrir un récit intimiste, s’attacher à l’humain et à ses sentiments. D’ailleurs, sa famille vit très loin des lieux de la catastrophe. A aucun moment le livre n’évoque directement le destin de personnes victimes du désastre. Il est surtout question d’amour, de solidarité, de toutes ces jolies choses qui donnent un sens à la vie.

Le récit de la jeunesse d’Itsuko est particulièrement émouvant et attendrissant. Quant à l’évocation des printemps japonais et des fleurs des cerisiers donne envie d’aller visiter ce pays.

Les planches sont plutôt bien dessinées. Les lignes sont simples mais elles donnent pourtant des visages évocateurs. Cela aurait toutefois pu être encore plus réussi si l’auteure n’avait pas agit à l’économie en ce qui concerne les décors ou bien de certaines cases qui ne contiennent finalement que du texte.

Mais là n’est pas le plus important. Ighiguchi a mis beaucoup d’âme dans son récit et cela se ressent au gré des pages. Les personnages sont si attachants que l’on aimerait pouvoir aller à leur rencontre. Un bien joli récit donc, emplit d’humanité.

Par Legoffe, le 24 mars 2013

Publicité