CENT MILLE JOURNEES DE PRIERES
Livre second

 
Dans ses rêves, Louis va être conduit par son défunt canari sur un territoire désolé. Un sol couvert de cendres, de tristes arbres et une colonne de fumée s’élevant à l’horizon seront le décor dans lequel Louis comprendra enfin qui fut son père et ce qui lui est arrivé…
 

Par sylvestre, le 17 mars 2012

Notre avis sur CENT MILLE JOURNEES DE PRIERES #2 – Livre second

 
Ce second tome du diptyque Cent mille journées de prières répond aux questions que l’on se posait lors de la lecture du précédent et annule les fausses pistes sur lesquelles on avait pu s’engager. En effet, c’est le tome de la révélation, et comme Louis, le lecteur accède enfin au savoir et comprend enfin ce qui jusque là avait été caché, tu ou épargné.

Ainsi, on en apprend plus sur Yong, le père de Louis. Sur ses origines, sur ses amours et sur son tragique destin… On est rassuré sur ces doutes qu’on avait sur lui ; à savoir que l’on pouvait s’imaginer qu’il était un bourreau ou un assassin. Mais on apprend par ailleurs d’autres choses à son sujet qui ne vont pas forcément dans le sens d’une quelconque sympathie à nourrir pour lui, comme le fait qu’il s’était mis en couple avec la mère de Louis alors qu’il avait déjà une femme et deux enfants et que, d’une certaine manière, sa mort a ainsi laissé après lui encore plus de proches malheureux…

Avec la même palette de grises couleurs renforçant la tristesse du paysage cendré que parcourent Louis et son oiseau dans ce second volume, Michaël Sterckeman met en images ce terrible récit que nous narre Loo Hui Phang, un récit à la fois rapporté à une famille en particulier mais qui vise également à nous rappeler ces pages d’Histoire écrites par les Khmers Rouges et que le Cambodge avait décidé d’oublier avant de reconsidérer cette politique de l’autruche.

Des ambiances à la La déchirure se retrouvent dans cette bande dessinée qui rafraîchit notre mémoire à propos de la situation politique de ces années "rouges" et du sort de ceux que les Khmers ont exploités ; et de cette grisaille filtre malgré tout la faible lueur d’une paix intérieure retrouvée pour Louis, de sa réconciliation avec ses démons.

Cent mille journées de prières est une terrible histoire portée par un graphisme lui aussi empreint de symboles de peur et d’angoisse. C’est l’histoire de la laborieuse construction d’un gamin qui aura dû attendre longtemps pour entendre ce qu’il fallait qu’il sache un jour sur son père qu’il n’a jamais connu. Et un regard sur le passé du Cambodge qui aujourd’hui encore peine à se débarrasser du poids de ces sombres années qu’il a traversées.
 

Par Sylvestre, le 17 mars 2012

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