La cellule

Depuis deux ans que Simon et Anne se connaissent, leur vie commune est une bénédiction, du moins pour Simon. Ne supportant plus la pression constante de son compagnon, la jeune femme décide de tirer un trait définitif sur leur relation. N’arrivant pas à comprendre cette décision, Simon s’enferme progressivement dans un délire qui l’amène à épier son ex-copine à son nouvel appartement. Jusqu’au jour où, chercheur de son état, il parvient à fusionner deux souris pour en créer une seule. Sa situation prend alors un tournant dramatique versant dans l’horreur.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur La cellule

Le désespoir que vivent certaines personnes à la suite d’une séparation inattendue, peut se matérialiser sous différentes formes. Celle qui est développée dans "La cellule" en est une qui, sans nul doute possible, peut donner froid dans le dos. Fabienne Costes et Guillaume Long se sont associés pour évoquer, de façon originale et saisissante, ces sentiments d’abandon et de trahison que peuvent ressentir ces personnes esseulées en état de choc. Dans le cas présent, Simon le scientifique, s’emprisonne dans une spirale infernale et obsessionnelle qui lui empêche tout raisonnement réaliste.

Après quelques pages de bonheur intense, la cassure survient subitement. La descente aux enfers commence alors pour celui qui jusqu’alors était en pleine béatitude. Inspirés par la nouvelle "La mouche noire" de Georges Langelaan qui a été adaptée au cinéma à deux reprises, l’une en 1958 et l’autre en 1986, Fabienne Costes et Guillaume Long créent une fiction très libre à l’atmosphère lourde. Cette dernière s’apesantit progressivement pour virer au pur cauchemar, voire à l’horreur. Pour ce faire, les auteurs jouent subtilement sur les situations. Le questionnement et la confusion perpétuelle de Simon sont très prenants, confirmés par des dialogues d’une grande simplicité mais employés efficacement. La détresse est perceptible et gagne en force à chaque page, nous emprisonnant dans une sorte de tourbillon destructeur. La folie atteint son paroxysme dans les dernières planches et nous atterre par sa déliquescence physique.

Après avoir manié la plume, Guillaume Long, auteur polyvalent (on lui doit des oeuvres réalisées en solo telles "Anatomie d’une éponge" chez Vertige Graphic, "Swimming poule mouillée" chez la Joie de Lire…), intervient également au pinceau. Ne s’embarrassant d’aucune recherche très réaliste, c’est dans des dessins simplistes et épurés qu’il parvient admirablement à mettre en cellule le lecteur. Intrigants au départ de l’affaire, ces graphiques prennent toute leur dimension au fur et à mesure du défilement des vignettes. Le trait irrégulier de l’auteur accompagne parfaitement la dure réalité des faits tout comme ses écarts de conduites saccadés. On suit obligatoirement la mine décomposée de Simon qui sombre dans ses méandres destructeurs et déroutants. La couleur informatisée, d’un abord assez froid, cautionne bien l’ambiance délétère du récit. On notera un changement graphique pour évoquer la vie d’antan de Simon et Anne qui, d’un abord très sympathique, expose les capacités de son auteur à arrondir ses dessins tout en leur donnant un caractère plus ancien.

"La cellule", caractérisée par la lente décomposition tragique d’un pauvre individu, est, pour ma part, une très bonne surprise qui je pense aspirera bien des lecteurs dans son sillage tourmenté.
 

Par Phibes, le 19 mai 2008

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