CECI EST MON CORPS
Lumière crue

La société a bien changé depuis le début du XXIème siècle. Los Angeles est divisée en deux, entre la zone des villas protégées des bourgeois et la « vieille ville », monde beaucoup plus dur que la vie aseptisée des riches coupés de la réalité.
Pendant que les gens d’en haut passent leur temps à se shooter et à boire dans leurs grandes villas protégées, les habitants de la « vieille ville » doivent accepter afin de survivre à la grande pauvreté que la « Need », une très grande entreprise, leur incruste des implants d’hôtes permettant aux bourgeois d’investir provisoirement leurs corps pour explorer la ville d’en bas sans risque et délirer parfois au détriments de leurs hôtes.
Un petit groupe de la jeunesse dorée est adepte de ces voyages entre deux fêtes, ils trouvent là une bonne alternative pour s’éclater à la drogue ou les pilules d’Anax produite par la « Need », une entreprise qui parait bien puissante.
Difficile de rester humain quand la vie elle-même est devenue si irréelle, en haut.
Fils d’un riche employé de la « Need », un jeune se laisse entraîner par son copain Nath, lui-même passant pour soft à côté de ses amis Istelle et Sania, dont les trips sadiques vont bien plus loin que la toxicomanie.
Au milieu de tout cela, il est amoureux de Jenny, qui ne semble de son côté pas insensible à ses charmes, mais qui s’évertue à se refuser à lui.

Par VincentB, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur CECI EST MON CORPS #1 – Lumière crue

Très bonne surprise que ce Ceci est mon corps de Damien Marie (qui s’est fait connaître avec sa série Welcome to hope chez le même éditeur) et de Goethals (dessinateur de Tower chez Vents d’Ouest), une bande dessinée d’anticipation.
L’histoire prend d’abord des aspects de Golden City (de Pecqueur et Malfin) avec ces riches physiquement séparés des pauvres.
Mais le propos de Ceci est mon corps est tout autre que celui de Golden City. On s’attache dans ce premier tome à un petit groupe d’amis. Le personnage central du groupe s’adresse au lecteur et à lui-même, il est le narrateur en voix off de l’histoire.
C’est un petit jeune je-m’en-foustiste, assez égocentrique. Bien que voulant réussir ses études, il est entraîné dans la débauche permanente des gens du haut et la société décadente semble avoir raison de lui, ainsi que la drogue et l’alcool, ou d’autres trips plus étranges.
Mais ce personnage principal semble amener une note d’espoir. Comme s’il ne vivait pas, on ne sait pas son nom (que j’ai pris soin de ne pas révéler dans le résumé) pendant une bonne partie de l’histoire. L’apparition de ce prénom marque le retour sur terre du personnage, une prise de conscience de celui-ci, qui laisse présager un bon tome 2.
La société est montrée comme pourrie. La plupart des personnages sont montrés comme des junkies richissimes loin des réalités. Une société capitaliste extrême qui a mal tourné. Le groupe « Need » semble avoir un monopole généralisé et est donc toute puissante.
Sans dire que le récit est engagé à gauche, il montre un aspect assez pessimiste de l’évolution de la droite, même si le message politique n’est pas mis en avant, voire même voulu.
L’histoire est maîtrisée et bien pensée, la sauce prend très rapidement avec une construction solide.
La fin en cliffhanger laisse présager un tome 2 d’au moins aussi bonne facture, on s’attend à la découverte de la « vieille ville ».

Le dessin dans un style classique, est, sans être exceptionnel, plaisant et détaillé. On regrette de ne pas avoir plus de vues de cette Los Angeles d’anticipation ce qui peut frustrer, on a vraiment envie d’en découvrir plus. Les personnages n’ont pas des faciès particulièrement singuliers ce qui tend à les rendre proches de nous, chose bienvenue dans ce monde inconnu aux lecteurs.

Encore une fois, il s’agit d’une très bonne surprise avec un vrai fond bien mis en valeur ! La série est prévue en diptyque, suite et fin dans le tome 2 !

Par VincentB, le 16 mai 2008

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