Ce qu'il faut de terre à l'homme

Un paysan russe vit le plus simplement du monde, avec sa femme et son fils. Le labeur, l’entraide entre voisins, ses quelques bêtes et quelques incartades dans les cultures de la noble du coin suffisent à son existence.

Mais son beau-frère arrivé de la ville tente de le convaincre qu’il manque d’ambition et qu’il devrait acheter de la terre pour développer son exploitation et vraiment gagner de l’argent. Le paysan ne semble guère convaincu, mais l’idée fait son chemin, d’autant que le grand domaine de la noblesse voisine vient à être plus assidument surveillé par un intendant. Et ce dernier a le fouet facile. Tout va basculer lorsque la propriétaire va mettre en vente toutes ses terres. L’ensemble des moujiks décident d’unir leurs forces et leurs moyens pour acheter la propriété.

Par legoffe, le 30 mars 2016

Notre avis sur Ce qu’il faut de terre à l’homme

Martin Veyron adapte, ici, un conte de Léon Tolstoï écrit en 1886. On pourrait se dire que l’histoire date un peu. Pourtant, cette fable s’avère encore très actuelle. Elle nous parle d’une société devenue consommatrice et capitaliste, toujours poussée par l’envie d’avoir plus.

C’est dans cette démarche que s’inscrit ce pauvre paysan installé au fin fond de la cambrousse russe. Satisfait de son existence, il va être pris dans un engrenage qui va transformer sa vie.

Avec ce livre se dessine, implacable, une morale qui frappera de plein fouet le lecteur à la fin de l’histoire. Elle reflète bien la pensée de Tolstoï qui prôna, à partir d’un certain moment de sa carrière, une existence plus proche de la nature et moins matérialiste.

L’ouvrage permet également de découvrir la vie des moujiks au temps des tsars. La peinture sociale est d’autant plus réussie que les dessins de Martin Veyron sont très jolis et très vivants. La campagne russe est foisonnante grâce au coup de crayon joyeux et pétillant de l’auteur. Cela colle bien avec l’esprit roublard des villageois. Pas de vision sombre, ici, de la société russe ; les choses sont racontées avec un humour qui s’avère parfois vraiment caustique.

Cela donne une bande dessinée non seulement intéressante, mais aussi distrayante et belle. L’éditeur a, en effet, soigné l’ouvrage avec son format « roman », ses pages « à l’ancienne » et sa couverture aux caractères en relief. Un bel hommage à Tolstoï et une bonne occasion de découvrir cette fable qui garde tout son piment après 130 ans d’existence.

Par Legoffe, le 30 mars 2016

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