CATAMOUNT
Le train des maudits

En 1890, dans la vallée du Niobrara, Samuel Osborne est, en sortie d’église, apostrophé par un inconnu pour le moins effronté qui lui fait part de ses intentions de lui proposer une affaire juteuse. Sans autre explication, l’homme repart non sans avoir provoqué un certain malaise à Osborne et à sa famille. Pendant ce temps, Catamount, le fils adoptif, est parti avec son vieil ami trappeur Pad chasser le cerf dans les montagnes du Niobrara. Après avoir abattu un grizzly, les deux hommes retournent au bercail. Non loin de ce dernier, Catamount est attiré par un gros panache de fumée et découvre rapidement qu’il est provoqué par des travaux d’aménagement d’une ligne ferroviaire. Là, au pied de la locomotive, il assiste à des scènes d’une inhumanité affligeante et même intervient pour sauver un enfant cheyenne d’un lynchage assuré. Il se heurte au colonel Clark, responsable de la sécurité du chantier et tout en lui rappelant certains souvenirs douloureux, lui fait part de sa réprobation. Lors de son arrivée au ranch familial, Catamount est témoin du départ à la hâte de Berton, l’homme d’affaire qui chapeaute le chantier du train et qui est venu faire des propositions d’achat de la terre des Osborne. Le refus essuyé par celui-ci et l’inflexibilité de Samuel Osborne vont bientôt être à l’origine de mesures de rétorsion impitoyables. Catamount va le découvrir malheureusement à ses dépens et à ceux de certains membres de sa famille.

Par phibes, le 12 mars 2017

Notre avis sur CATAMOUNT #2 – Le train des maudits

Benjamin Blasco-Martinez vient par ce nouvel opus confirmer son intention de se mouvoir dans l’univers littéraire d’Albert Bonneau, romancier à l’origine de l’arc volumineux (près de 70 romans) dédié à Catamount. Après un premier opus qui traitait de la jeunesse de ce personnage et de son contentieux avec le sinistre indien Black Possum, nous le retrouvons quelques 20 ans plus tard, au moment où ce dernier, fine gâchette du comté, a acquis une certaine notoriété.

Evidemment, cette nouvelle aventure qui s’inspire librement de celle narrée dans le roman de 1947, intitulée La vengeance de Catamount », nous amène dans de nouvelles péripéties qui sentent le drame à plein nez et dont la première planche conforte pleinement ce sentiment. Il va de soi que certes la trame classique de cette équipée westernienne ne peut nous échapper mais elle a l’avantage d’être traitée d’une manière fluide, punchie et violente par un artiste qui a souhaité remuer subtilement notre sensibilité dans des effets purement modernes et pour le moins rebondissants. En effet, tout en appuyant bien sur les caractères trempés de ses personnages (Berton et sa clique en particulier, véritables stéréotypes de l’infâme bandit), Benjamin Blasco-Martinez ne fait pas dans la demi-mesure pour faire monter sa tragédie, éliminant sans vergogne des protagonistes agréables et nous plongeant dans des actions à couper le souffle (le combat avec le grizzly) ou dans des consonances barbares, impitoyables voire abjectes (l’assassinat de la famille Thierry), tout ceci au nom d’un profit maléfique.

Cette nouvelle intrigue qui a pour but de comprendre en premier lieu le pourquoi de la vengeance du fameux héros à lire dans le prochain volet, a l’avantage de donner plus de charisme à Catamount. Ce dernier est désormais un adulte qui sait se prendre en main et qui sait répondre également à la violence. Par ailleurs, cette aventure donne l’occasion de faire intervenir à nouveau, hormis les proches au héros (les parents et Pad), un personnage qui va prendre une place importante dans la destinée tourmentée de celui-ci, le colonel Clark.

Graphiquement, Benjamin Blasco-Martinez fait évoluer son trait dans une consistance réaliste des plus profitables. Ses planches sont d’une beauté remarquable (les décors sauvages du Niobrara sont de rêve), servie par un coup de crayon (fusain) bien appuyé et par un dynamisme on ne peut plus perceptible. Les gros plans sont pléthores et mettent bien en évidence les intentions radicales des protagonistes très charismatiques, dans des actions qui indubitablement amènent leur lot de violence. A noter que la colorisation que l’artiste réalise en association avec Emilie Beaud est pour le moins efficace et donne un rendu cohérent et très plaisant à cet ensemble pictural.

Une suite percutante, sans appel qui conforte l’intérêt de l’initiative de Benjamin Blasco-Martinez et dont on sait qu’elle n’a pas fini de nous étonner. On attend donc le prochain opus avec impatience !

Par Phibes, le 12 mars 2017

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