Castilla Drive

Osvaldo Brown a été victime d’une violente agression, alors que la police patine, il décide d’engager un detective privé. Il sonne à la première adresse venue. Comme alors l’histoire d’Osvaldo Brown et Sally Salinger.

Par melville, le 18 août 2012

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Notre avis sur Castilla Drive

Après l’excellent Las Rosas (reparti injustement bredouille d’Angoulême 2011), Anthony Pastor poursuit son exploration du mélodrame avec tout autant d’inspiration et de talent. Plus léger dans son propos Castilla Drive se présente comme le négatif, ou plus justement le positif de Las Rosas. A l’aridité du désert succède un hiver particulièrement rude ou le vent et la neige – symptômes d’une anomalie climatique – préfigurent le bouleversement sentimental à venir de l’héroïne. Epouse délaissée par son mari détective privé, elle exerce sous la licence de celui qu’elle n’est plus certaine de souhaiter voir réapparaître et tente tant bien que mal d’élever ses deux enfants.
Dès la première planche, rien qu’à l’évocation de ce nom Sally Salinger, le ton d’un romantisme – emprunté aux telenovelas – est donné et mêlé à une atmosphère de polar avec sa nuit, ses palmiers battus par le vent et sa voix off d’un narrateur omniscient. Anthony Pastor renoue donc avec ce mélange des genres qui avait fait le succès de Las Rosas et qui n’est pas sans rappeler le cinéma d’Almodovar. Mais cette fois-ci l’auteur inverse la balance et là où, dans Las Rosas le mélodrame primait sur le polar, Castilla Drive se structure de prime abord comme un récit de genre. Toutefois, à l’instar de Las Rosas, l’intrigue policière ne se suffit pas à elle-même et ne se révèle au final qu’une habile manipulation (et un écrin de choix) pour donner une ampleur supplémentaire à la dimension comédie dramatique du récit. Comme pour couper court au tragique, Osvaldo Brown (la tête couverte de bandages) surpasse sa timidité et appui sur la sonnette au nom de Salinger. Dès lors le poète qui à défier la mort retrouve l’inspiration et ces quelques mots, « Soudain la vie debout au cœur de l’écran noir », annoncés en ouverture d’album font sens. Cet optimisme tenu, apanage du mélodrame – qui finit toujours par rendre justice à ses personnages, au contraire de la tragédie – se retrouve incarné dans les couleurs passées des planches qui ne demandent qu’à retrouver leurs éclats pops une fois l’hiver terminé.

Admirablement mis en scène, toujours juste dans l’écriture des dialogues et n’hésitant pas à laisser sa place à l’image comme élément narratif, Castilla Drive est un coup de cœur. Un must à posséder d’urgence !

Par melville, le 18 août 2012

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