CASSIO
L’empire des souvenirs

Tous deux à la recherche du canope contenant les viscères de leur mère, Cassio, alias Jon Veghan, a décidé d’affronter son demi-frère Tesio, le peintre sinistre. A l’issu de leur face-à-face, le dirigeant de la fondation Carmina a été sévèrement blessé et sollicite la belle archéologue Ornella Grazzi qui fait des recherches sur son assassinat il y a deux mille ans, afin qu’elle retrouve elle-même ce fameux canope. Sur indications de sœur Maria, elle se transporte au couvent de Monsarmat où se trouve le vase funéraire. Mais Tesio l’a devancé. En possession de l’urne, ce dernier parvient à récupérer la momie d’Armahl, sa mère, détenue par la fondation Carmina. Désormais paré pour ranimer la dépouille mortuaire et lui soustraire son pouvoir d’immortalité, Tesio semble avoir gagné la partie. Et s’il était encore possible de contrarier le sinistre dessein du peintre ? Et si Cassio, dans une ultime tentative, essayait avec l’appui d’Ornella, de faire appel à une colère millénaire dans les profondeurs d’un temple égyptien ?

Par phibes, le 3 novembre 2015

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Notre avis sur CASSIO #9 – L’empire des souvenirs

Il suffit de regarder le 4ème de couverture pour s’apercevoir que ce neuvième opus annonce la clôture de l’histoire à travers les siècles de Lucius Aurelius Cassio, assassiné il y a 2000 ans par 4 personnages ayant subi ses outrages, qui finit par se retrouver à affronter de nos jours un adversaire ancestral.

Ce dernier volet est, comme il se doit, celui qui va dévoiler les tenants et les aboutissants de cette aventure intemporelle entamée dans le deuxième cycle de cette saga. Ce grand final qui vient s’étaler cette fois-ci sur un peu plus de 60 planches nous permet donc de retrouver, dans des effets fantastiques inévitables (rappelons que deux immortels s’affrontent chacun pour des raisons antagonistes), Cassio et Tesio, les demi-frères, prêts à tout pour ranimer leur mère commune Armahl. Dans leur sillage, ils entraînent la belle archéologue Ornella qui, bien sûr, va avoir à jouer un rôle bien précis.

Toujours aussi habile dans l’enchevêtrement rapide des différentes époques, Stephen Desberg répond aux questions posées antérieurement et amène le lecteur jusqu’à cette confrontation finale que l’on attend impatiemment, partiellement ébauchée dans l’épisode précédent. Comme il se doit, il précipite le mouvement et engage, sous le couvert d’une vengeance antique, ses personnages clés vers un dénouement totalement hors norme (il y est question de la résurrection d’une momie), détaillant au passage les très différentes aspirations des deux adversaires. De fait, tout peut arriver et à la faveur d’une apparition monstrueuse, le scénariste déchaîne son équipée, lui fait atteindre des proportions extraordinaires. Malgré tout, il trouve aussi le moyen de temporiser son récit, comme pour apaiser le lecteur, en se servant de Cassio pour susciter bien des émotions, instillant l’amour des femmes, la sagesse…

Henri Reculé reste maître de son graphisme qui bénéficie d’un esthétisme plutôt racoleur. D’un trait adroit et à la faveur d’une polyvalence picturale bénéfique, l’artiste jongle dans ses décors multi époque sur plusieurs tableaux, usant sans anicroche de sa table graphique et du pinceau (les toiles du peintre Teiso sont, malgré leur thématique mortelle, remarquablement réalisées). De leur côté, ses personnages ont réellement du charisme, en particulier les demi-frères (l’un dans sa folie destructrice, l’autre dans son raisonnement sage) et la gente féminine généreusement représentée dans sa beauté.

Une saga multi temporelle dont la conclusion se veut fantastiquement bien menée et qui consacre le partenariat de deux auteurs de talent.

Par Phibes, le 3 novembre 2015

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