CARTIGAN
Livre Un

Un nouveau contingent d’hommes arrive en la cité des boucs. Parmi ces nouveaux esclaves promis pour un grand nombre aux travaux forcés, se trouve le jeune Cartigan. Grâce à ses facultés physiques et linguistiques peu communes pour un enfant, ce dernier échoue dans les geôles. Il y croise le massif Smith duquel, envoyé par sa mère, il est justement à la recherche. Car le père du jeune garçon a été atteint par les fièvres et l’aide du grand homme, frère d’armes du mourrant qui a partagé des moments guerriers d’une intense bravoure contre le terrible Praga, est requise. Est-ce que Smith répondra à l’appel du jeune Cartigan et si tel est le cas, parviendra-t-il à sauver l’âme du père de l’enfant ?

 

Par phibes, le 17 juillet 2011

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Notre avis sur CARTIGAN #1 – Livre Un

Arborant un premier de couverture plein de promesses, Cartigan est le premier diptyque graphique publié en France par un duo d’auteurs anglais dont le travail est couvert par la maison Akileos. Forts de leurs motivations inspirées de la palette bigarrée de la fantasy, ces derniers nous invitent à franchir le seuil d’un univers exotique dans lequel l’homme est dominé par la bête et plus particulièrement le bouc. Mais l’hominien, bien qu’esclave, a conservé sa propension à l’aventure, la grande avec des faits d’armes, et nous le démontre très rapidement.

Le dépaysement est total quant au monde que l’on découvre, véritable mixité entre les genres humain et animal dans laquelle une prépondérance a été donnée à la bête. Cette évocation, tirée d’un imaginaire fertile, relève d’une originalité bien appréciable et nous plonge dans un renversement des rôles bien surprenant. Toutefois, le bouc agit comme l’homme et use des mêmes règles en matière d’autorité (travaux forcés pour des constructions certes inutiles, prison…).

Dans ce méli-mélo faunistique, deux personnages se détachent, l’esclave Cartigan et le forgeron Smith. Bien que physiquement opposés, ces deux individus vont emballer l’histoire pour nous entraîner dans des remugles guerriers passés et dans une quête dont on saisira rapidement la portée, la sauvegarde d’un être cher. De fait, on pénètre dans une structure scénaristique un peu plus conventionnelle mais non dépourvue d’intérêt. Les recherches qui s’engagent sur fonds d’anciens affrontements d’une grande puissance, nécessitent évidemment l’emprunt d’un chemin qui va susciter de nouvelles rencontres.

De fait, la narration est intrigante (on ne sait pas encore où on va exactement, les personnages ont une part énigmatique qu’on se doit de découvrir), passe par des moments imagés, forts et violents (la rencontre avec Praga, la révélation de liens surprenants, les combats), et bien sûr interpelle sur ses circonvolutions futures tant le terreau de la fantasy est riche. Le tout est servi dans un rythme soutenu (qui colle parfaitement à la course-poursuite) et qui permet d’avaler les quelques 70 planches goulûment.

La partie graphique de Daniel Lish est des plus réussies. L’univers que dépeint ce dessinateur est bien original, hétéroclite et parfois monstrueux. Se déclarant dans des découpages modernes ou des pleines pages, ce dernier démontre haut la main ses talents d’illustrateur. La sensation de mouvement est perpétuelle, bien décomposé, (ce qui, en soi, dynamise la lecture de ses planches), portée par des personnages singuliers explicites, démesurés, robustes et atypiques. Les flash-back se distinguent parfaitement de par la colorisation adaptée et les transitions bien calculées. Enfin, le travail sur les fonds est extraordinaire et dénote là aussi un trait incisif, des plus minutieux que tout un chacun pourra apprécier justement.

Un premier opus entreprenant qui donne envie de savoir comment la quête de Cartigan va réellement aboutir.

 

Par Phibes, le 17 juillet 2011

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