CARRÉS (LES)
Carré noir

Ancien policier judiciaire reconverti détective spécialisé dans l’Art, Kazimir Doen est missionné par le Centre Georges Pompidou pour retrouver trois toiles composant "La trilogie des Carrés" réalisée par le peintre moscovite Boskovich. Grâce à l’aide érudite de son ami bouquiniste, l’Albatros, Kazimir obtient un embryon de piste qui le mène en République Centrafricaine devant un ancien nazi. Mais obtiendra-t-il pour autant les objets convoités, sinon des indices ?
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur CARRÉS (LES) #1 – Carré noir

"Les carrés" est un nouvelle série policière concoctée par Eric Adam ("D’Artagnan", "Nil"…) et Olivier Martin ("Sang et encre", "Crypto"…) qui met en œuvre un flic atypique, Kazimir Doen. En effet, dans ce premier opus où la couleur noire du tableau recherché est en osmose avec le pays visité, on fait rapidement sa connaissance pour s’apercevoir que le personnage est meurtri en son fort intérieur et rumine quelques souvenirs effroyables qui le rendent apathique, déprimé et dont le premier de couverture en donne déjà une certaine image. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’un investigateur hors pair dont la spécialité, véritable originalité qui permet de détacher cette série de la fourmillante production du même genre, est d’effectuer des recherches sur le trafic d’œuvres d’art.

Comme le titre le susurre, le fin limier doit retrouver trois tableaux d’un peintre célèbre dont les recherches vont correspondre à trois enquêtes différentes mais étroitement liées. On pourra être agréablement surpris par l’ambiance quelque peu nostalgique qui règne dans ces aventures. Refusant de pénétrer, à juste titre, dans le milieu de la violence gratuite, Eric Adam s’intéresse plus, comme on pourrait le percevoir dans des séries telles "Jérôme K. Jérôme Bloche" d’Alain Dodier, aux émotions en tout genre, dégagées par les actions de ses protagonistes. Par le biais de quelques messages subliminaux, il fait allusion avec un tact bien ajusté à certains malaises de la société actuelle ou passée (l’immunité de criminels nazis, de dictateurs en cavale, les coups d’état africains, les sans papier,…).

Par ailleurs, la simplicité est de mise dans les dialogues qui sont loin d’être tapageurs, comme gagnés par le spleen de Kazimir. Le contact entre les personnages est confraternel (sauf cas rarissimes de violence) et oriente le récit dans un flux agréable compatissant. Il est certain que le détective bénéficie de beaucoup d’aide grâce à une facilité scénaristique qui pourrait être préjudiciable mais on comprend bien que 48 pages limitent le verbiage.

Olivier Martin, de son côté, met en images le travail de son associé d’une manière bien amenée, relativement épurée mais très explicite. Le monde cosmopolite qu’il croque est fait avec générosité et se ressent au travers des regards et attitudes simples et efficaces. A ce titre, le comportement un peu égaré de Kazimir est bien entretenu et catalogue parfaitement son personnage dans une ambivalence (tristesse et volonté investigatrice) bien à propos.

Voilà une intrigue policière colorée et bien carrée dont les aboutissements éviteront sans ambiguïté au lecteur de tourner en rond.
 

Par Phibes, le 12 juillet 2009

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