Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Syldavie

Perdu aux confins de l’Europe, il est un tout petit pays dont tout le monde a entendu parler sans pour autant pouvoir toujours le localiser précisément sur une carte. Il s’agit bien sûr de la Syldavie qui, si elle n’avait pas été mise en lumière par les aventures (elles, fictives) de Tintin, resterait à n’en pas douter oubliée de tous ! Cette petite monarchie ne demande du reste rien de plus que le calme dont elle jouit aujourd’hui après avoir connu des périodes tumultueuses dues aux conflits du XXème siècle ou après avoir vu naître des talents qui ont su lui assurer un discret mais enviable rang dans le concert des nations…

Très peu de guides existent sur la Syldavie. Alors, avec ces Carnets de Syldavie, Jacques Hiron comble aujourd’hui ce manque en nous proposant un ouvrage encyclopédique revenant sur son Histoire, sur celle d’autres pays qui lui sont directement liés historiquement ou économiquement, mais aussi sur des anecdotes de la vie de tous les jours.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Syldavie

Il ne faut pas ouvrir les Carnets de Syldavie comme on ouvrirait un guide de voyage. On n’y trouve en effet ni carte, ni itinéraire conseillé ni information sur les formalités à remplir pour entrer sur ce territoire… Non. Carnets de Syldavie offre plutôt un contenu encyclopédique, mais détendez-vous, il est loin d’être barbant puisqu’en accordant à chaque sujet autant d’importance, il fait le grand écart entre des articles politiques ou financiers et d’autres, beaucoup plus axés loisirs et culture, comme une recette de cuisine ou comme celui expliquant pourquoi la Syldavie n’a jamais participé à l’Eurovision…

Tout débute par une partie rappelant combien de fois est apparue la Syldavie dans la série Tintin. L’ouvrage prend alors des airs d’essai comme on en trouve beaucoup dans les bibliothèques des tintinophiles. Et puis, doucement, la frontière entre la réalité et la fiction s’évapore. On entre alors dans une lecture des plus sérieuses, bien documentée… autant qu’elle est le fruit de l’imagination de l’auteur de ces carnets : Jacques Hiron.

On perd alors de vue le fait que Tintin y a vécu des aventures. Le nom du plus célèbre reporter du 9ème art ne sera plus évoqué pendant la quasi-totalité des pages et la place sera laissée à la Syldavie en tant que pays doté d’une histoire, de coutumes, de personnages illustres… C’est une des prouesses de ces Carnets de Syldavie : suivant l’implication qu’on montrera pendant la lecture (et suivant le sujet traité), on pourra se faire happer complètement par "l’illusion syldave" ; tout comme on pourra – mauvais joueur ! – camper le lecteur imperméable à ce genre d’humour littéraire, le lecteur "à qui on ne la fait pas".

Adopter la première attitude est cependant le conseil que je vous donne pour profiter au mieux de la truculence des textes. Pour parfaire le tout, ces textes sont richement illustrés, donnant à l’ouvrage l’aspect d’un document qu’on est fier d’avoir (en ce sens qu’on a dans les mains un livre moderne mais dont le contenu nous replonge dans le passé : on a donc un vieux livre… en parfait état !) Enfin, très intelligemment, Jacques Hiron a fait le choix judicieux de bannir de l’iconographie de ses Carnets de Syldavie tout dessin de Hergé ou tout autre document directement lié au 9ème art : ils auraient plus vite sorti le lecteur du doux mensonge qui lui est conté…

Je ne vends pas la mèche, espéré-je, en parlant de doux mensonge ; la préface de l’auteur mettant bien les points sur les i. Et vous le ressentirez assez vite, d’ailleurs : toute solide que soit la rédaction de ces carnets, des éléments très sérieux, très techniques, pèsent parfois autant dans la balance que des éléments beaucoup plus fantaisistes ! Regarder les photos détournées représentant des Syldaves est aussi un bon moment de rigolade intérieure : on prend vraiment conscience du plaisir qu’a dû avoir l’auteur à construire tout cela !

Et ce plaisir est communicatif, voire contagieux ! La lecture est en effet de bout en bout un vrai régal. Lister les détails rigolos reviendrait à tout reprendre, pour ainsi dire. Et certains sont d’autant plus rigolos qu’ils sont… énormes ! Les spaghetti du Tongo et l’eau minérale Klowaswa sont de bons exemples ; lisez ces Carnets de Syldavie, vous comprendrez mon enthousiasme !

Comme un journal télévisé se terminant par une "page" moins dramatique que l’actualité en vous informant sur le sport ou sur telle ou telle anecdote, les Carnets de Syldavie prennent fin avec la question (évoquée plus haut) de la participation de la Syldavie à l’Eurovision. Comme pour finir en apothéose, Jacques Hiron semble s’être lâché, nous mitraillant de noms d’artistes syldaves répondant à la règle du jeu de mot instaurée par Hergé avec des noms comme Plekszy-Gladz, ceci après en avoir égrené bien d’autres au fil des pages, notamment un certain Nikolaï Tszarkoz… Si on avait encore un doute sur le crédit à apporter à tout cela…

Carnets de Syldavie est un excellent ouvrage. Les tintinophiles se rueront dessus, assurément. Quant aux autres, il y a fort à parier qu’ils tomberont sous le charme et le résultat de l’exercice de style mené par un Jacques Hiron très inspiré. Merci M’sieur !
 

Par Sylvestre, le 26 mai 2009

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