CARNETS DE JOANN SFAR (LES)
Maharajah

 
Dessiner est aussi important que respirer pour Joann Sfar. Alors on l’imagine aisément avec toujours sur lui un carnet et un crayon, croquant la vie comme elle lui vient. Dans Maharajah, il nous ouvre un peu plus les portes de chez lui en nous proposant des regards sur ses enfants, et il nous parle une fois de plus de ses amis auteurs avant de nous raconter les dix jours qu’il a passés en Inde.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur CARNETS DE JOANN SFAR (LES) #8 – Maharajah

 
Pour avoir un œil sur la vie des people, on connaissait des tas de magazines. En ce qui concerne Joann Sfar, le mieux est par contre d’ouvrir ses carnets. On avait aimé Greffier et Missionnaire, tout comme on avait apprécié de découvrir son style autobiographique dans ses carnets précédents parus à L’Association, alors il était facile de penser qu’une fois encore, s’attaquer aux (ici 400 !) pages de son nouveau carnet allait nous procurer autant de plaisir.

La première moitié prend son temps sur ses enfants (Raoul et Tautmina) et ses amis (on note un hommage appuyé à feu Didier, Le Photographe). Et ce n’est qu’en seconde partie que le titre de l’ouvrage prend tout son sens… Les dix jours qu’a passés l’auteur avec sa femme en Inde, il les a vécus dans un "palace on wheels" (un palais sur roues) : le "Train de Maharadjahs". L’aventure, quoi ! 😉 Et bien non. Justement, Sfar ne revendique pas un esprit aventurier comme on pourrait le concevoir et c’est justement très sympa de voir comment il perçoit les choses au cours de ce voyage qui, en fait, (soi-disant, hein, faut voir…) ne l’intéressait que très peu au départ ! Cela donne un carnet sans doute beaucoup plus marrant que s’il avait été autrement plus pédagogique : il est là beaucoup plus axé sur les réflexions qu’il a eues au sujet de la pauvreté en Inde, du fossé entre les riches et les autres, du poids de la religion sur un système de castes qui n’est qu’invention de l’Homme mais dont les "bénéficiaires" rejettent la responsabilité sur les dieux afin que le peuple ne se révolte pas… Etc… Bref, sur tout ça plutôt que sur l’architecture, les couleurs, les odeurs et ce qui fait d’habitude les souvenirs de voyages.

Sans être le livre à préférer à un bon guide avant de partir pour l’Inde (ne serait-ce qu’à cause de son poids !) pour ceux qui comptent s’y rendre, Maharajah est une véritable invitation à la réflexion et un savoureux (long) moment de lecture, avec ses petits plus d’authenticité : écriture à l’illisibilité mise sur le dos des voies ferrées indiennes, ratures style le rapport de Xavière Tibéri…

Continue, Joann ! …Et ne va pas te plaindre qu’on t’appelle Yoann ou Djoann quand sur la couv, tu ne mets pas le D à MaharaDjah alors que tu ne l’oublies jamais quand ce mot apparaît dans tes pages ! 😉
 

Par Sylvestre, le 25 octobre 2007

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