Carmilla

Fille d’un officier anglais à la retraite, Laura vit dans le château familial perdu au cœur de la Styrie, un land d’Autriche, au cœur d’une grande forêt et à proximité d’un village abandonné. Lors d’une journée d’automne, la jeune fille a le plaisir d’apprendre l’arrivée de sa cousine Carmilla qui vient passer quelques jours. Heureuse de recevoir celle dont on vante la beauté, Laura aspire à vivre de très bons moments en sa présence. A peine arrivée, elle découvre que le visage de sa cousine lui rappelle un terrible cauchemar qu’elle a eu et qui l’a profondément marquée lorsqu’elle était enfant. Après lui en avoir fait part, Laura apprend que Carmilla a étrangement vécu la même expérience. Très rapidement, elle tombe sous le charme déroutant de la belle et mystérieuse cousine et une relation pour le moins ambiguë s’installe entre les deux jeunes femmes. Jusqu’à ce que des signes bizarres voire inquiétants apparaissent et que Laura découvre une autre facette plus obscure de Carmilla.

Par phibes, le 19 avril 2016

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Notre avis sur Carmilla

Pascal Croci fait partie de ces artistes qui se complaisent dans des univers aux ambiances hors norme, à la fois terrifiantes et bénéficiant d’une certaine esthétique. Toujours amateur d’histoires de femmes au charisme envoutant (Janet Burroughs, Marie-Antoinette Sweet Lolita, Élizabeth Bathory, Lady Tara Cornwall…), l’artiste a décidé de ne pas déroger à ses habitudes et de nous présenter celle qui l’a motivé pour son nouvel ouvrage à savoir Carmilla.

Carmilla est avant tout un personnage qui appartient à l’une des œuvres maîtresses concoctées par le romancier irlandais du 19ème, Sheridan Le Fanu et qui inspira quelques décades plus tard, en 1897, le fameux Bram Stocker pour son illustre roman Dracula.

A la faveur d’un verbe de qualité, Pascal Croci s’accapare librement de ce personnage et de son univers gothique, pour l’installer dans une histoire vampirique qui mêle généreusement froidure extérieure et ferveur intérieure, le tout saupoudré de romantisme féminin et de fantastique venimeux. A partir de la rencontre de Laura et de la troublante Carmilla, l’artiste nous entraîne dans une relation sentimentale forte qui ne manque ni de mystère, ni de sensualité. La fascination de Laura est communicative et la lente révélation de la réelle nature de Carmilla alimente bien l’intrigue.

Côté graphisme, Pascal Croci reste dans cet univers pictural dont il a la maîtrise complète et qui a la particularité de camper des ambiances à la fois enchanteresses et effrayantes. On pourra saluer l’esthétisme de son trait qui fait naître, dans une colorisation pastel souvent sombre et parfois vive, des paysages d’une intense froideur, oppressant, mortifère, fréquemment dépouillé de toute animation humaine et parcouru parfois par un chat noir errant. De même, ses personnages ont quelque chose d’envoutant, dû assurément à leurs larges regards languissants, à leurs formes longilignes presque fantomatiques et aux ombres souvent inquiétantes qu’elles laissent sur les murs.

Un ouvrage pleinement marquant que les adeptes de Pascal Croci et de son univers gothique apprécieront sans condition.

Par Phibes, le 19 avril 2016

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